Sans tambours ni trompettes, certaines de nos coopératives québécoises, et parmi les plus importantes, sont en voie de faire leur marque sur l’échiquier mondial. Et à n’en point douter, la Coop fédérée est l’une d’elles. À l'esprit de bon nombre de Québécoises et de Québécois, lorsque le vocable « coopérative » est prononcé, il n'y a en a bien souvent que pour le Mouvement Desjardins. Chose un peu normale, me direz-vous, compte tenu de la taille et de l'imbrication de ce dernier dans le tissu social et économique du Québec. Pourtant, si vous jetez un œil attentif au contenu de votre assiette, il y a de fortes chances que vous y retrouviez l'un ou l'autre des produits de la Coop fédérée. Pas étonnant, si l'on considère que la Coop fédérée est la première organisation agroalimentaire au Québec, la seconde en importance au Canada et la 24e à l'échelle internationale, toujours dans l'agroalimentaire. Et cette dernière statistique a son importance, considérant le fait que les enjeux alimentaires, sociaux et économiques alimentaires sont aujourd'hui d'envergure planétaire.

L'incontournable mondialisation

En entrevue à Gestion lors de son passage à Québec au Sommet international des coopératives 2016, Ghislain Gervais, nouvellement élu à la tête de la Coop fédérée, reconnaît la donne actuelle qui se joue à l’échelle mondiale dans le domaine agricole. À cet égard, un choix se pose : embarquer dans le train de la mondialisation ou demeurer passivement sur le quai. La Coop fédérée, quant à elle, est à bord depuis longtemps! Ouverture des marchés, accès à des débouchés pour les produits agricoles québécois, réponse au mouvement de consolidation auquel on assiste à l’heure actuelle dans l’agroalimentaire : les conditions sont pratiquement toutes réunies afin de pousser les coopératives agricoles hors de leurs frontières traditionnelles. Et la plupart le font de manière remarquable, doit-on préciser. De fait, si, dans le secteur privé, la réponse à la mondialisation se traduit par un mouvement de fusions et d'acquisitions accru depuis quelques années, les coopératives agroalimentaires ont réagi à cet état de fait en développant pour leur part des ententes partenariales avec certaines de leurs consœurs à l'étranger. Mais, n'y a-t-il pas un danger, avec ces partenariats, d'y perdre un peu de son âme et de sa vision coopérative? Ghislain Gervais se veut rassurant à cet égard : « L’approche d’un partenaire potentiel est toujours justifiée par la plus-value que l’on pourrait être en mesure de dégager pour nos membres », nous dit le nouveau président. Toutefois, si le souci de ses membres et la prospérité de ces derniers demeure l’objectif principal de l’organisation, la Coop fédérée, qui regroupe 72 coopératives affiliées et environ 90 000 membres, n’en possède pas moins des réflexes fort aiguisés en matière stratégique. « On veut également s’assurer d’être plus efficace dans nos opérations. On cherche entre autres à prolonger notre chaîne de valeur, et s’assurer que nos producteurs vont pouvoir en bénéficier », ajoute M. Gervais. La Coop fédérée n’a d'ailleurs pas hésité à unir ses forces avec InVivo, le premier groupe coopératif agricole français, afin de développer son expertise en matière d’agriculture de précision (lire notre article « Labourer dans le sillon de l’innovation»). La Coop fédérée s’est aussi associée avec ce même partenaire afin de faire aboutir une partie de sa production annuelle de grains sur le marché de la cité-État de Singapour, porte d'entrée commerciale vers l'Asie et marché de 5,7 millions d'habitants. Dans la perspective de la croissance attendue du marché asiatique dans les années et les décennies à venir, cette alliance vient à point nommé.

L'avantage de la Coop fédérée

Les ressources et les compétences de la Coop fédérée sont évidemment d’indéniables atouts dans cette conquête des marchés internationaux. Mais, aux dires de M. Gervais, l'organisation possède également, et ce n'est pas négligeable, une flèche additionnelle dans son carquois. Certes, la croissance des marchés en émergence est une opportunité en or, mais une opportunité qui est également entrevue par d'autres géants de l'agroalimentaire, privés ou coopératifs. Comment la Coop fédérée entend-elle dès lors se distinguer de ces concurrents? « À la Coop fédérée, ce qui est merveilleux, c'est qu'on est la seule organisation agroalimentaire du Québec ayant une présence de la terre à la table. Lorsque l'on se présente devant certains clients, nous avons une histoire à raconter. On peut faire une traçabilité de nos produits, du début à la fin de la chaîne », fait valoir M. Gervais. Il s'agit là d'un fait qui ne manquera pas d'intéresser d'éventuels clients internationaux, de plus en plus sensibilisés aux questions de sécurité alimentaire. Avec toutes ces graines partenariales semées un peu partout sur le globe, nul doute que la récolte sera bonne pour la Coop fédérée dans les années à venir!