Ils travaillent de longues heures, souvent pour un salaire bien moyen...

On ne dira jamais assez à quel point les entrepreneures et entrepreneurs sont essentiels à notre prospérité économique et au maintien de notre niveau de vie collectif, de par les centaines de milliers d'emplois qu'ils créent... Et pourtant, encore trop souvent, on saisit mal la place et l'importance qu'ils occupent dans notre tissu socio-économique. Qui plus est, l'on se fait de ces femmes et de ces hommes une fausse image qui est loin de rendre justice à leur apport à notre bien-être collectif... Si on peut facilement imaginer que les entrepreneurs sont de grands travailleurs, on a aussi parfois tendance (faussement, nous le verrons!) à les imaginer nageant dans le luxe et l'opulence.

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) s'est récemment donnée comme objectif de remettre les pendules à l'heure en publiant l'étude Regard sur les PME et les travailleurs autonomes du Canada. Portons à notre tour un regard sur deux des dimensions abordées dans le cadre de cette étude, à savoir le temps de travail et la rémunération des entrepreneures et des entrepreneurs.

De longues heures de travail...

Travailleurs autonomes vs. Travailleurs salariés

(Source : étude de la FCEI citée dans l'article)


Démarrer et gérer une entreprise, c'est une tâche à temps plein en soi, et souvent plus. L'étude de la FCEI nous apprend en effet que les semaines de travail peuvent être longues, voire même très longues pour les entrepreneurs. Un exemple? Prenons le cas d'une semaine normale de travail n'excédant pas quarante heures. À ce compte, comme le montre le tableau ci-contre, 60 % des employés salariés âgés de 25 ans à 64 ans réalisent leur prestation hebdomadaire de travail à l'intérieur de ce cadre précis, alors que les entrepreneurs de la même tranche d'âge ne sont que 29 % à restreindre leurs activités à l'intérieur de ces quarante heures. Dès que l'on dépasse ce nombre d'heures, les entrepreneurs raflent, et de loin, la palme de l'effort et des heures supplémentaires : ils sont 70 % à travailler plus de quarante heures par semaine, alors que les employés salariés ne sont que 30 % à réaliser la même quantité d'heures.Et mentionnons au passage que tout près d'un entrepreneur sur quatre travaille plus de soixante heures par semaine! Qui dit mieux?

...pour un salaire somme toute moyen.

Est-ce que toutes ces heures travaillées sont pour autant synonymes de compte bancaire bien garni? Loin de là! L'analyse des données de Statistique Canada par la FCEI révèle que le tiers des entrepreneurs canadiens gagne annuellement 33 000 dollars et moins, et que les deux-tiers gagnent moins de 73 000 dollars par année. Pour simple comparaison, rappelons que, toujours selon les données de Statistique Canada, la rémunération hebdomadaire moyenne au Canada en 2015 était de 952 dollars, soit un équivalent annuel d'environ 49 500 dollars. Et quant au mythe de l'entrepreneur roulant sur l'or, celui-ci sera bien vite déboulonné en apprenant que les entrepreneurs gagnant moins de 40 000 dollars annuellement surpassent ceux qui ont une rémunération annuelle de 250 000 et plus par un ratio de quatre pour un!

Chapeau bas!

Mais au-delà de ces chiffres, il y a une réalité que ces derniers ne sauraient traduire. Aucune statistique ne peut en effet donner un juste portait du courage et de la ténacité que demandent le démarrage et la poursuite des activités d'une entreprise. Aucune donnée officielle ne pourra jamais rendre compte de l'angoisse vécue par ceux et celles qui tentent de maintenir à flot leur entreprise et les emplois qui s'y rattachent, aux jours les moins heureux. Nous avons sans doute été nombreux à rêver de démarrer une entreprise, de voler de nos propres ailes et de jouir de l'indépendance, parfois bien relative, que peut procurer l’entrepreneuriat. Mais combien d'entre nous auront eu l'audace de transposer ces rêves en réalité?

Entrepreneures et entrepreneurs, nous vous saluons bien bas!