Lorsqu’on est cadre, gestionnaire ou dirigeant d’entreprise, il est crucial de se familiariser avec le langage comptable et financier. À la clé : une meilleure compréhension des grands enjeux, mais aussi la capacité de prendre des décisions d’affaires plus éclairées.

«La comptabilité, c’est le langage des affaires», indique d’emblée Julien Le Maux, professeur titulaire au Département de sciences comptables de HEC Montréal et formateur à l’École des dirigeants de HEC Montréal. Parce qu’elle permet de prendre une mesure objective de la performance d’une entreprise, les gestionnaires devraient s’efforcer d’en apprendre les bases.

Un livre ouvert

Les états financiers constituent un livre ouvert sur la vie d’une entreprise. Bons coups et mauvais coups, résultats en baisse ou en hausse : tout y apparaît clairement. «Ce n’est pas une opinion subjective, ils permettent d’évaluer la situation en toute impartialité et de voir quelles décisions d’affaires ont été pertinentes ou pas», explique Julien Le Maux. Ils aident également à mieux évaluer le risque, puisqu’il sera possible de chiffrer ce dernier.

«Lire des états financiers devrait générer autant de questions que de réponses. De plus, il faut s’interroger tant sur les aspects positifs que négatifs. Or, en général, on a plutôt tendance à se concentrer uniquement sur ces derniers», observe le professeur. Pourtant, il serait très pertinent de déterminer les facteurs ayant fait en sorte que l’entreprise ait engrangé des bénéfices et pas uniquement pourquoi elle a connu des pertes. En fournissant des éléments de réponse, les états financiers aident à dégager des solutions.

Par où commencer

Julien Le Maux souligne que les personnes qui ne sont pas familières avec la comptabilité ont tendance à la percevoir comme un domaine froid et incompréhensible pour les non-initiés. «La première chose à faire est donc de se débarrasser de ses préjugés. Il faut savoir que l’on n’a pas besoin de maîtriser parfaitement toutes les notions, dès que l’on a appris le vocabulaire et les principes de base, on sera capable de naviguer», mentionne-t-il. Il rappelle que lire les états financiers et les informations financières est facile; ce qui est complexe est de les rédiger!

Pour aider les participants à démystifier la finance et déboulonner les idées reçues, Julien Le Maux, dans le cadre de la formation qu’il dispense à l’École des dirigeants de HEC Montréal, leur fournit quelques exemples déstabilisants. «Lors de la faillite de la banque Lehman Brothers aux États-Unis en 2008, tout le monde a semblé surpris. Pourtant, lorsqu’on examine les documents comptables, on constate que des problèmes transparaissaient clairement, et ce, dès 2006», illustre-t-il.

Il ajoute qu’une fois que l’on a acquis les bases, il sera ensuite possible de se forger sa propre opinion. «Ces connaissances seront aussi très utiles pour défendre son point de vue et appuyer ses dires», précise-t-il.

Il prévient enfin qu’il y a un risque pour les dirigeants qui délèguent et se réfèrent constamment à des experts, sans tenter de lire et de comprendre par eux-mêmes les états financiers de leur entreprise.