Dans une société où tout s’enchaîne à un rythme effréné, la performance est souvent associée à rapidité, vitesse et productivité.

Nous voulons être rapides dans la livraison de nos produits, prompts à servir nos clients, empressés de créer et d’innover. Nous désirons recevoir une réponse subito presto à nos courriels. Nous devenons irrités si nous sommes incapables de joindre quelqu’un « immédiatement ». Bref, nous voulons et nous faisons « vite » afin de suivre le cours de la « vie » opérationnelle et empêcher nos compétiteurs ou les événements du quotidien de nous dépasser.

Rien de mal à ça ?

Gare à l’excès de vitesse

Cette situation amène une atrophie de certaines qualités essentielles pour le leader de demain telles la patience, la tolérance, la sagesse, l’amour altruiste et la bienveillance. Ce sont des atouts, entre autres, utiles pour bâtir des relations solides avec les employés et contribuer à créer et à entretenir une culture de mobilisation où chacun se sent important.

J’ai l’opportunité d’accompagner des dirigeants d’entreprises depuis plusieurs années; une pratique simple, mais combien efficace, appelée l’art du recul, est préconisée et se veut un bel ajout dans le coffre à outils du gestionnaire pour l’aider dans ce contexte.

L’art du recul, l’art de ralentir ?

Cette pratique s’exprime de plusieurs façons.

Pour certains, l’art du recul se traduit dans le fait d’accepter temporairement d’aller moins vite pour ensuite rebondir plus loin. D’autres diront que c’est apporter un regard nouveau et juste sur une situation. De là l’expression « voir toute la forêt et non pas uniquement l’arbre.»   

L’art du recul, c’est aussi le fait de s’arrêter; de se poser les vraies questions et d’apprendre à discerner. C’est sourire, respirer, ouvrir des dialogues authentiques dans lesquels l’humilité et la vulnérabilité existent.

Pour l’ancien président des États-Unis, Barack Obama, c’était se réserver de l’espace pour lire et s’interroger sur de grandes idées.


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La coopétition, nouvelle pratique émergente

Le but de prendre du recul n’est pas de diminuer la performance de l’entreprise. Au contraire. Ici, l’objectif est de miser sur une culture dans laquelle la vitesse, l’intensité, l’adaptabilité sont des alliés de la réflexion, de l’écoute, de l’inspiration et du ralentissement.

La compétition et la coopération sont des paradoxes, mais ils deviennent le concept de coopétition une fois ralliés. Comme le dit Dan Markham « c’est coopérer avec la compétition pour le bénéfice de soi » et de l’autre. Terme créé par les professeurs d’Harvard et Yale Brandenburger et Nalebuff. (Source: Uplifting leadership).

C’est aussi ce principe inspirant dans lequel j’aide l’autre à progresser afin que cela m’aide à devenir meilleur à mon tour.

De même que la performance et le ralentissement peuvent s’unir, car ils sont tous deux des piliers dans l’atteinte de résultats sur le court, le moyen et le long terme. C’est le principe de rallier des paradoxes.


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«Avoir le courage de ralentir»

Si nous vous demandions dans la seconde qui suit, de pratiquer l’art du recul sur votre dernière heure, votre journée, votre équipe, votre performance, votre qualité de présence, quelle serait votre approche? Quelles actions en découleraient?

Comme a si bien dit le philosophe Marc Aurèle: ayez la sérénité d'accepter ce que vous ne pouvez pas changer, le courage de changer ce que vous pouvez et, surtout, la sagesse d'en connaître la différence.

Pratiquer « l’art du recul » permet de poser un regard éclairé afin de mettre en place les stratégies efficaces, développer les savoirs comportementaux (« soft skills ») nécessaires pour devenir le gestionnaire de demain.

Avoir le courage de ralentir, c’est peut-être se dépêcher lentement.

Quel beau paradoxe!