Une stratégie d’affaires sert à définir les lignes directrices du comportement qu’une organisation adopte pour créer un mélange unique de valeurs pour ses clients, ses propriétaires, ses employés et ses partenaires. Elle lui permet aussi de se démarquer d’une manière positive de ses concurrents actuels et potentiels. Tour d’horizon d’une approche à adopter.

Afin de réussir, toute organisation doit relever trois défis essentiels. Premièrement, elle doit formuler une stratégie gagnante en apprenant de ses environnements externe et interne, en formulant et en analysant des options de stratégie ainsi qu’en choisissant la plus appropriée. Deuxièmement, une organisation doit implanter sa stratégie en définissant correctement les transformations qui s’imposent afin de rendre ses opérations conformes à sa stratégie (exemples : achat d’actifs, transformation de ses processus ou de sa structure organisationnelle, déploiement de systèmes informatiques). Elle doit aussi mettre en œuvre ces transformations de façon efficace, efficiente et agile. Troisièmement, une organisation doit constamment s’assurer de garder ses opérations conformes à sa stratégie en évitant tout retour à de vieilles habitudes et en les ajustant en fonction des nouveaux événements internes et externes qui surviennent au fil du temps. Relever ces défis est d’autant plus difficile qu’une organisation doit continuellement motiver ses membres à embrasser le changement.

Un grand nombre de pratiques éprouvées ont été proposées par des praticiens et des chercheurs pour aider les organisations à surmonter les défis décrits ci-dessus. Malheureusement, ces pratiques ne suffisent pas : encore de nos jours, de 50 à 90 % des efforts stratégiques des organisations mènent à des échecs. Ce taux d’échec s’explique en bonne partie par le chaînon manquant qu’est l’architecture d’affaires.

L’architecture d’affaires : comme un pont

La métaphore de la construction d’un pont permet de démystifier ce chaînon manquant. En effet, la formulation et l’implantation d’une stratégie est un projet de reconstruction d’une organisation. La construction d’un pont débute par la définition d’exigences qui devront être satisfaites une fois le pont construit. Une équipe d’ingénieurs utilise ensuite ces exigences pour concevoir un plan d’ensemble du pont. Ce plan décrit les principaux éléments de la structure (fondations, piliers, tablier et câbles) ainsi que leur arrangement. En se fondant sur ce plan d’ensemble, les ingénieurs, en collaboration avec d’autres corps de métier, élaborent ensuite un échéancier maître qui subdivise la construction du pont en un ensemble de sous-projets et qui établit la séquence dans laquelle ils devront être mis en œuvre. Une fois créés, ces deux plans permettent à des équipes multidisciplinaires d’accomplir quatre groupes activités : 1- faire la conception détaillée des éléments du pont de façon à ce qu’ils s’agencent bien ensemble ; 2- mettre en œuvre ces éléments dans un ordre logique ; 3- déterminer rapidement les répercussions éventuelles des imprévus, par définition inévitables ; 4- prendre les meilleures décisions possibles en vue de construire un pont solide, au plus bas coût possible et dans les délais les plus courts. Bien évidemment, le succès du projet repose sur une collaboration étroite entre, d’une part, les ingénieurs qui ont créé le plan d’ensemble et l’échéancier maître et, d’autre part, les équipes multidisciplinaires.

Bien que l’élaboration et le suivi d’un plan d’ensemble et d’un échéancier maître par des ingénieurs paraissent tout à fait raisonnables aux yeux de la grande majorité des gens dans le cas de la construction d’un pont, peu d’organisations se dotent d’outils similaires pour implanter leur stratégie. Ce chaînon manquant a pour conséquence que bon nombre d’organisations se transforment de façon inadéquate, parce qu’elles choisissent mal les transformations qu’elles mettent en œuvre, tentent d’en réaliser trop en même temps et les réalisent dans une séquence qui fait exploser les coûts et les délais tout en réduisant les bénéfices. De plus, sans plan concret, il est difficile de décrire la vision d’ensemble des transformations requises par l’implantation de la stratégie aux membres de l’organisation et, par conséquent, d’assurer l’adhésion de ceux-ci.

Une approche en trois volets

Dans le contexte de la réalisation des activités d’une organisation, l’équivalent des exigences est la stratégie. Les équivalents du plan d’ensemble, de l’échéancier maître et d’une équipe d’ingénieurs sont respectivement l’architecture d’affaires cible, le plan de transformation et la pratique interne d’architecture d’affaires. La somme de ces trois composantes constitue ce que nous appelons l’architecture d’affaires, le chaînon manquant dans la formulation, l’implantation et l’exécution d’une stratégie d’affaires.

Une action concertée pour réussir

Pour qu’une organisation puisse tirer profit au maximum de son architecture d’affaires cible, de son plan de transformation et de sa pratique d’architecture d’affaires, ces trois composantes doivent être pleinement intégrées aux activités de formulation, d’implantation et d’exécution de la stratégie de l’organisation.

L’architecture d’affaires doit également être intégrée aux autres activités de planification à long terme de l’organisation, notamment la planification financière et la planification de la conception du produit.

Lorsqu’elle est bien intégrée et utilisée conjointement avec des pratiques éprouvées, l’architecture d’affaires permet d’atteindre le juste équilibre entre l’urgence d’agir et la prudence nécessaire au succès des efforts stratégiques de toute organisation. Certes, la création d’une architecture d’affaires cible et d’un plan de transformation nécessite un certain temps. Mais on s’assure ainsi que des transformations judicieuses soient accomplies correctement et dans le bon ordre. Ce faisant, on accélère l’implantation de la stratégie dans son ensemble tout en maximisant les bénéfices potentiels pour l’entreprise.

1 - L’architecture d’affaires cible

l'architecture d'affaires cible

Ce premier volet définit la façon dont l’organisation devra fonctionner afin d’exécuter pleinement sa stratégie. Pour ce faire, l’architecture d’affaires cible permet de déterminer les capacités d’affaires, les fonctions, les processus, les unités organisationnelles, les connaissances, les informations et les marques de commerce dont l’organisation aura besoin. Elle définit également les caractéristiques principales de ces éléments et leurs interrelations souhaitées. L’architecture d’affaires cible permet aussi de déterminer les actifs technologiques requis et, au besoin, les ressources naturelles nécessaires.

L’architecture d’affaires cible doit être conçue de façon progressive, chaque étape se concentrant sur une ou quelques parties de l’organisation, par exemple un processus ou une unité organisationnelle. L’ordre dans lequel les diverses parties seront conçues variera en fonction de leur importance par rapport à l’implantation de la stratégie. L’élaboration de l’architecture d’affaires cible est un préalable à l’élaboration de l’architecture d’entreprise cible des technologies de l’information décrivant le fonctionnement idéal des systèmes informatiques d’une organisation. En fait, l’absence d’une architecture d’affaires cible explique la réussite variable des efforts d’architecture d’entreprise des technologies de l’information de bien des organisations.

2 - Le plan de transformation

le plan de transformation

Ce deuxième volet détermine et séquence les projets de transformation qui devront être mis en œuvre au cours des trois à cinq prochaines années afin de rendre l’organisation conforme, en tout ou en partie, à son architecture d’affaires cible. Le plan de transformation doit couvrir l’ensemble des parties de l’architecture d’affaires cible conçue à ce jour. Son élaboration doit prendre en considération les éléments suivants :

  1. le besoin de l’organisation d’améliorer constamment sa performance financière ; 
  2. la capacité de l’organisation étendue à se transformer, de même que son degré de préparation ; 
  3. la nécessité de créer et de maintenir un élan de transformation tout au long de l’implantation de la stratégie ; 
  4. l’importance stratégique, les dépendances, les bénéfices, les coûts, les risques, les délais d’achèvement, les hypothèses et les risques associés à chacun des projets de transformation.

3 - La pratique interne de l’architecture d’affaires

la pratique interne de l'architecture d'affaires

La pratique d’architecture d’affaires de l’organisation doit avant tout permettre de concevoir l’architecture d’affaires cible, d’élaborer le plan de transformation et de contribuer à plusieurs autres activités que l’organisation doit maîtriser pour formuler, implanter et exécuter sa stratégie. Par exemple, les architectes d’affaires doivent aider les stratèges à analyser la faisabilité des options de stratégie et soutenir les architectes en technologies de l’information dans l’élaboration de leur architecture cible.

Une action concertée pour réussir

Pour qu’une organisation puisse tirer profit au maximum de son architecture d’affaires cible, de son plan de transformation et de sa pratique d’architecture d’affaires, ces trois composantes doivent être pleinement intégrées aux activités de formulation, d’implantation et d’exécution de la stratégie de l’organisation.

L’architecture d’affaires doit également être intégrée aux autres activités de planification à long terme de l’organisation, notamment la planification financière et la planification de la conception du produit.

Lorsqu’elle est bien intégrée et utilisée conjointement avec des pratiques éprouvées, l’architecture d’affaires permet d’atteindre le juste équilibre entre l’urgence d’agir et la prudence nécessaire au succès des efforts stratégiques de toute organisation. Certes, la création d’une architecture d’affaires cible et d’un plan de transformation nécessite un certain temps. Mais on s’assure ainsi que des transformations judicieuses soient accomplies correctement et dans le bon ordre. Ce faisant, on accélère l’implantation de la stratégie dans son ensemble tout en maximisant les bénéfices potentiels pour l’entreprise.

Une action concertée pour réussir


Pour aller plus loin

  • Hadaya, P., et Gagnon, B.Business Architecture – The Missing Link in Strategy Formulation, Implementation and ExecutionMontréal, ASATE Publishing, 2017, 258 p.