La qualité d’une équipe est garante de sa réussite et de sa performance. Mais qu’est-ce qu’une «bonne» équipe et, surtout, comment est-il possible d’en bâtir une? Quelques pistes de réflexion.

Il existe des équipes de feu qui ne font qu’une bouchée des défis, alors que d’autres peinent à garder leur cohésion et à assurer le niveau de productivité attendu. Différents facteurs peuvent expliquer cet état de fait, mais la façon dont elle est composée pèse lourd dans la balance. Chaque membre a son importance, ainsi que la façon dont les talents des uns vont s’arrimer aux forces des autres.

Constituer une équipe de rêve apte à bien communiquer et à coopérer efficacement, le tout dans un esprit de confiance mutuelle, n’est donc pas chose aisée. Car aux principes de base de ce qui constitue l’ADN d’une équipe idéale s’ajoutent aussi les enjeux liés à un environnement changeant et en constante évolution. Voici comment, en tant que gestionnaire, vous pouvez mettre les chances de votre côté.

Série L'équipe idéale

Les bonnes personnes au bon endroit

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’une équipe? Selon Estelle M. Morin, professeure titulaire au Département de management de HEC Montréal et membre du Consortium de recherche sur l’intelligence émotionnelle appliquée aux organisations, on peut la définir comme un groupe de personnes qui travaillent ensemble à atteindre un objectif commun. «Deux paramètres sont particulièrement importants dans ce contexte. Premièrement, l’interdépendance entre les personnes qui œuvrent ensemble, et deuxièmement, l’autonomie de celles-ci, notamment en matière de capacités, de compétences et de ressources dont elles disposent», indique-t-elle.

Par conséquent, lorsqu’on constitue une équipe, il ne faut pas tant chercher à réunir des profils spécifiques que de réussir à mettre la main sur les bonnes personnes pour effectuer le travail. Cela signifie sélectionner des employés qui détiennent à la fois les habiletés nécessaires pour réaliser ce qu’on attend d’eux ainsi que les compétences interpersonnelles qui leur permettront de se joindre harmonieusement aux autres membres de l’équipe. Autrement dit, il faut trouver et assembler le mélange approprié de compétences professionnelles, sociales et interpersonnelles.

«Le principal enjeu repose sur la difficulté à réunir les bonnes personnes. En ce sens, mettre ensemble des profils de personnalité qui sont compatibles entre eux revêt une moins grande importance que de réunir des personnes qui ont de solides valeurs de coopération et des compétences émotionnelles comme la gestion de soi, l’empathie et la gestion des conflits. Des employés qui ont tendance à faire cavalier seul ou encore qui se montrent très compétitifs ne feront pas de bons équipiers», insiste Mme Morin.

Diversité, oui; manque de cohésion, non

De l’avis de Sylvain Houde, CRHA, directeur général de la firme Évoluo, on peut certes tendre vers l’idéal, mais une bonne équipe en est une qui, à la base, est performante parce que les gens s’y sentent bien, heureux et mobilisés. «Un certain nombre de compétences interpersonnelles sont toutefois nécessaires pour pouvoir être un bon équipier, comme l’empathie, l’intelligence émotionnelle ou l’agilité, par exemple», ajoute-t-il. La confiance est également un ingrédient indispensable dans la recette pour que la pâte puisse lever et que l’équipe atteigne son plein potentiel.

Mais ce n’est pas tout : il faut aussi qu’il existe un alignement des valeurs avec celles de l’entreprise. Ainsi, un employé qui a besoin d’un encadrement plus traditionnel et rigide s’accommodera mal d’une organisation où le mode de gestion est plus souple et laisse de la place à l’autonomie.

Quant à savoir si la diversité d’une l’équipe garantit son succès, les avis sont nuancés. Sylvain Houde mentionne que l’environnement d’affaires étant en perpétuel changement, réunir des profils différents au sein d’une même équipe aide à faire face aux transformations. «On recherche de plus en plus la diversité, tant en termes de compétences personnelles que de cultures ou d’inclusivité par rapport aux personnes LGBTQ+, par exemple», précise-t-il. Cette variété constituera une force et créera une synergie de laquelle peuvent émerger des idées novatrices.

«Il n’est pas nécessaire que tout le monde ait la même personnalité dans l’équipe, au contraire. On obtient des résultats plus riches lorsqu’on travaille avec des personnes qui pensent différemment de nous», remarque Jean Poitras, professeur titulaire au Département de gestion des ressources humaines de HEC Montréal.

Mais hétérogénéité ne veut pas dire manque de cohésion, considère Jean-François Bertholet, consultant en ressources humaines et chargé de cours à HEC Montréal. «Il faut retrouver un alignement sur une cause commune. Par conséquent, on peut allier des forces différentes au sein de l’équipe, mais elles doivent aller dans la même direction. C’est plus exigeant en termes de gestion, mais en même temps, cela permet, au bout du compte, d’obtenir d’excellents résultats», explique-t-il.

Enfin, une difficulté demeure, car bien souvent, un gestionnaire se retrouve avec une équipe déjà constituée entre les mains. Celle-ci pourra avoir été mise sur pied par d’autres avant lui ou encore un peu au hasard, au gré des dossiers et des mandats. Dans ces conditions, réussir à faire bouger les lignes nécessitera du doigté, mais aussi la capacité et le pouvoir de changer des joueurs si le besoin s’en fait sentir. Sinon, il devra apprendre à composer avec les éléments dont il dispose…