Vous devez convaincre vos collègues d’adopter vos idées et propositions, mais vous ne disposez d’aucun pouvoir hiérarchique? Si cela correspond à votre réalité quotidienne, lisez ceci.

Il n’est pas facile de mobiliser nos collègues ou de les inciter à suivre nos directives sans pouvoir formel. C’est pourtant la réalité de nombre d’employés : chefs de projet ou coordonnateurs doivent réussir à faire bouger les choses sans occuper des fonctions de gestionnaire ni de supérieur hiérarchique. Voici quelques suggestions d’approches à privilégier dans de telles situations.

Clarté des attentes

L’absence de pouvoir formel n’est pas nécessairement un frein, selon Annie Boilard, Distinction Fellow CRHA (conseillère en ressources humaines agréée) et présidente de Réseau Annie RH. «Lorsqu’on se situe au même niveau hiérarchique que ses collègues, cela crée un certain lien de fraternité et de proximité. Par conséquent, on pourrait se permettre de dire des choses qui seraient moins bien perçues si elles étaient énoncées par un patron», indique-t-elle. Son premier conseil pour exercer une influence efficace? Formuler clairement les objectifs et priorités, ainsi que les tâches à accomplir.

Pierre Lainey, CRHA et maître d’enseignement principal au Département de management de HEC Montréal, abonde dans le même sens. «On doit être très précis sur la contribution recherchée. On croit souvent, à tort, que les gens savent ce qu’ils doivent faire, mais c’est loin d’être le cas. Les explications claires sont de rigueur», affirme-t-il.

Miser sur la relation

Une erreur fréquente consiste à solliciter la collaboration de collègues sans avoir préalablement bâti de liens avec eux. «Dès l’arrivée dans une organisation, on devrait créer des relations et investir dans celles-ci. Par la suite, lorsqu’on demandera l’aide des collègues, cela facilitera les choses», mentionne Pierre Lainey.

Nous adapter aux personnalités de chacun et moduler nos attentes en fonction des profils est un autre point incontournable, d’après Annie Boilard, qui nous met en garde contre la tentation de faire appel aux supérieurs hiérarchiques dès qu’un blocage survient. «Aller voir le patron et se plaindre n’est pas une bonne option, car cela nuit à la relation de confiance. Il vaut mieux dialoguer pour tenter de trouver un terrain d’entente ou aller chercher de l’aide extérieure pour effectuer un arbitrage», conseille-t-elle.

Comprendre les contraintes

Nous devons garder en tête que nos priorités ne sont pas nécessairement celles de nos collègues. Ceux-ci doivent en effet composer avec d’autres impératifs, parfois plus urgents, de leur point de vue. «En cernant bien les contraintes auxquelles ils font face, on pourra ajuster notre requête en conséquence, et on sera dès lors moins susceptible d’essuyer un refus», fait valoir Pierre Lainey.

Il est essentiel de présenter notre demande dans une perspective plus large, en expliquant comment elle répond aux priorités de l’organisation ou aux besoins des clients, plutôt que de la présenter sous l’angle de nos propres objectifs. «Les gens se montrent plus sensibles à nos demandes et sont plus susceptibles de nous donner leur appui lorsqu’ils comprennent dans quel contexte elles se situent», souligne Pierre Lainey.

Leader informel

La mise en œuvre de ces bonnes pratiques aide aussi à nous forger au fil du temps une réputation de leader informel, ce qui peut se révéler bénéfique pour la progression professionnelle. «Toutefois, on devrait s’assurer de reconnaître systématiquement l’apport des collègues et de faire valoir leur contribution aux succès obtenus. Il est essentiel de partager les victoires, de remercier les autres sincèrement et de se montrer reconnaissant de leur collaboration», estime Pierre Lainey. À son avis, la meilleure façon d’être reconnu comme un leader est d’adopter une approche positive et de miser sur la réciprocité.

Finalement, apprendre à travailler ensemble, nourrir les liens et aligner les différents objectifs en tenant compte des contraintes auxquelles nos collègues font face constitue une recette gagnante pour faire bouger les choses sans autorité ni levier hiérarchique. Et cela pourrait même – pourquoi pas? – nous placer en bonne position pour décrocher une promotion et jouir finalement d’un pouvoir plus formel!