Besoin de repères pour mieux affronter le monde du travail actuel et anticiper le futur? La revue Gestion décrypte les nouvelles idées, les grandes études, les faits saillants et les tendances du management.

Intelligence artificielle : la quête de maturité

Quand vient le temps de tirer le meilleur parti de l’IA, la plupart des organisations ne font qu’effleurer la question.

12%. C’est la proportion des 2 000 plus grandes entreprises au monde ayant atteint un degré de maturité en matière d’IA assez élevé pour que leurs investissements se traduisent par une croissance significative. Ces entreprises attribuent en moyenne près de 30% de leurs revenus à l’IA.

63%. Parmi les organisations interrogées pour l’étude, près des deux tiers ont des capacités moyennes en matière d’intégration de l’IA.

Accenture estime que les entreprises gagneront rapidement en maturité au cours des quatre prochaines années. Gare aux organisations qui n’auront pas emboîté le pas!

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L’IA au profit de la gestion de projet

Où investir pour bénéficier au maximum de l’IA? Dans la gestion de projet, écrivent deux experts dans la Harvard Business Review. La plupart des organisations utilisent encore des applications qui ont peu évolué depuis des décennies, comme les feuilles de calcul, pour gérer leurs projets. L’IA peut transformer ce domaine.

48 000 milliards de dollars. Évaluation des montants investis annuellement dans des projets à travers le monde.

35%. Proportion des projets considérés comme des succès, ce qui indique un possible gaspillage de ressources dans 65% des projets.

Source : Harvard Business Review

Six façons dont l’IA peut révolutionner la gestion de projet

  1. Utilisation prédictive de l’IA pour évaluer quels projets apporteront le plus de valeur à l’organisation.
  2. Automatisation des tâches pour optimiser le suivi d’avancement des projets.
  3. Analyse de données pour anticiper les risques qui peuvent passer inaperçus.
  4. Mise à jour en continu de la progression d’un projet faite par des assistants virtuels.
  5. Détection précoce des défauts de conception grâce à des systèmes de tests avancés et automatisés.
  6. Réduction des tâches administratives pour les gestionnaires de projet, qui accorderont plus de temps à la réflexion stratégique.

Source : Harvard Business Review

Achat de technologies d’IA : posez les bonnes questions

La professeure en management de l’Université de Warwick Hila Lifshitz-Assaf met en garde les acheteurs d’outils basés sur l’IA. À l’heure actuelle, vous avez la responsabilité de vérifier leur réelle valeur. Vous devez donc apprendre à poser les bonnes questions avant de faire un achat.

Demandez comment l’outil d’IA a été conçu. N’acceptez pas de réponses jargonneuses qui masquent la vérité. N’hésitez pas à poser des sous-questions :

  • D’où proviennent les données utilisées par l’outil?
  • Dans quelle mesure ces données s’appliquent-elles à l’utilisation de l’outil?
  • Comment les données ont-elles été libellées?
  • Qui en a vérifié la nomenclature?
  • Quel était le degré d’expertise des personnes qui ont fait cette vérification?

Source : Warwick Business School

L’innovation technologique sans codage

Comment offrir à vos équipes plus de flexibilité et d’autonomie pour innover et bâtir des solutions technologiques qui répondent à leurs besoins? Notamment en leur donnant accès à des logiciels permettant de créer des applications sans utiliser de codage ou très peu. Parallèlement aux investissements majeurs en IA, ces logiciels donnent aux équipes les moyens de participer aux innovations, à plus petite échelle.

Selon les résultats d’un sondage de Microsoft mené auprès de 2 700 employés et de 1 800 décideurs d’entreprises américaines, britanniques et japonaises :

84% des personnes interrogées pensent que la possibilité de créer des applications personnalisées avec des outils sans codage – ou avec très peu de codage – les aiderait à collaborer plus efficacement.

77% souhaitent avoir accès à des outils de création d’applications sans codage pour apporter des solutions qui les aideraient à atteindre leurs objectifs.

Source : Microsoft

Les médias sociaux : en voie de disparition ou en transformation?

De plus en plus de médias spécialisés en technologies annoncent depuis quelques mois la mort des médias sociaux tels que nous les connaissons depuis 15 ans. Pendant que Facebook, Twitter, Instagram et TikTok perdent des plumes, qui s’apprête à les remplacer? Il y aurait de nouveaux venus qui proposent des espaces de socialisation plus restreints et authentiques. En voici quelques exemples :

BeReal, une application française se targuant d’être un anti-Instagram, envoie une notification une fois par jour à ses utilisateurs et les invite à prendre une photo sur le vif et sans filtre.

Niche, où les utilisateurs se rassemblent autour d’intérêts communs, propose à la communauté d’avoir des interactions plus riches et plus dynamiques.

Pax.world, un nouvel espace social dans le métavers créé par un consortium d’architectes et de designers, permet de créer des mondes virtuels où collaborer et réseauter.

Source : Wunderman Thompson

Des retraites mises sur pause

La pandémie a mené, en 2020 et 2021, à une augmentation des départs à la retraite des personnes de 50 ans et plus. Mais l’amélioration de la situation sanitaire et l’augmentation du coût de la vie inversent actuellement cette tendance. Ce phénomène s’observe dans toutes les économies avancées. Selon le Forum économique mondial, les organisations ont le devoir de s’adapter à cette réalité, en offrant plus de flexibilité aux cohortes plus âgées, en faisant la promotion de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, et en favorisant une culture du partage de connaissances.

La situation au Québec

22%. C’est la part du marché du travail que les 55 ans et plus représentaient au Québec en 2021. De 1976 à 2003, cette proportion a oscillé autour de 10%. Le vieillissement de la population explique en partie cette augmentation depuis 20 ans, mais le taux d’activité des 55 à 69 ans est également en cause. En 2021, 78% des personnes de 55 à 59 ans faisaient partie de la population active. Bien que beaucoup plus bas, le taux d’activité des 64 à 69 ans, qui avait un peu diminué en 2019 et en 2020, est reparti à la hausse en 2021 pour s’établir à 22%.

Sources : Forum économique mondial et Institut de la statistique du Québec

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Travailler de plus en plus longtemps?

Le taux d’activité des personnes plus âgées devrait continuer d’augmenter naturellement au Québec. Dans son rapport Allonger les carrières : défis et opportunités pour pallier les pénuries de main-d’oeuvre, l’Institut du Québec a analysé cette hausse probable.

Voici les trois facteurs cernés :

  1. l’augmentation du niveau de scolarité (les travailleurs les plus scolarisés demeurent actifs plus longtemps);
  2. la participation accrue des femmes au marché du travail;
  3. l’amélioration de la qualité des emplois.

Emplois pour durer

Dans une analyse des données du marché du travail américain, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de la London Business School ont mesuré que, de 1990 à 2020, environ 75% des professions sont devenues plus favorables aux 50 ans et plus.

Les professions adaptées aux cohortes plus âgées demandent des efforts physiques réduits dans des environnements de travail moins difficiles, et favorisent les compétences sociales et communicationnelles.

Selon les chercheurs, les personnes de plus de 50 ans recherchent plus d’autonomie, des horaires flexibles, un lieu de travail près de leur domicile ou la possibilité de travailler à la maison, un travail moins exigeant et une réduction du stress professionnel.

Parmi les professions les plus adaptées à ces conditions, on trouve les agents de réservation et de billetterie, les réceptionnistes, les secrétaires, les responsables des ressources humaines, les correcteurs d’épreuves, les vendeurs et les enquêteurs d’assurances.

Source : MIT Sloan School of Management

Équipes multigénérationnelles recherchées

Selon un article publié dans la Harvard Business Review, les effets du vieillissement de la population sur le monde du travail sont encore largement incompris. Pourtant, ces effets, qui ne feront qu’augmenter, se font de plus en plus sentir dans les organisations. Ces dernières doivent changer leur approche RH pour soutenir et garder leurs travailleurs plus âgés, en favorisant la collaboration multigénérationnelle.

  1. Encouragez la collaboration et la communication intergénérationnelles.

Créez des occasions pour que des collègues de différentes générations se rencontrent et puissent partager leurs forces, leurs passions et leur expérience de vie.

  1. Soyez ouverts à la diversité générationnelle.

 Identifiez et valorisez les gestionnaires capables d’embaucher et d’apprendre des employés plus âgés qu’eux, et de bien gérer des équipes multigénérationnelles.

Source : Harvard Business Review

Le tabou de la ménopause

Si, au cours des dernières décennies, les conditions des travailleuses enceintes et des nouvelles mères ont été grandement améliorées, celles des femmes en ménopause passent toujours autant sous le radar. En conséquence, les femmes plus âgées continuent de craindre les effets de ce processus naturel sur leur vie professionnelle.

Les spécialistes interrogés dans un article du magazine Fortune estiment que les organisations doivent faire preuve de plus d’ouverture et chercher à mieux comprendre les effets de la ménopause sur le travail. Les employeurs qui les comprennent peuvent mieux soutenir leurs employées et leur donner les moyens de continuer à exceller.

De quel type de soutien est-il question? Les exemples sont nombreux, qu’il s’agisse de politiques de travail flexibles, de l’accès à des formations, de groupes de soutien ou de recommandations personnalisées pour mieux gérer les effets de la ménopause au travail.

Source : Fortune

Article publié dans l'édition Été 2023 de Gestion