Les Chinois sont devenus les plus important acquéreurs de biens immobiliers aux États-Unis.

La mondialisation, c’est évidemment un phénomène qui va dans les deux sens, chose que l'on a parfois tendance à oublier! Et le marché immobilier nord-américain est probablement en voie de l'apprendre à la dure, comme le révèle l'étude publiée conjointement par l'institut d'études Asia Society et le Rosen Consulting Group, et intitulée Breaking Ground: Chinese Investment in U.S. Real Estate.

Une puissance avec laquelle il faudra désormais compter...

Ladite étude révèle en effet qu'à bien des égards, et notamment au chapitre de l'immobilier, les États-Unis sont devenus une terre de prédilection pour les capitaux chinois. C'est une tendance lourde que nous avions déjà évoquée antérieurement, et qui semble s'accélérer depuis une demi-décennie. Les investissements directs à l'étranger de la Chine se sont élevés à 118 milliards de dollars en 2015, et les États-Unis ont accaparé 19 % de ces derniers.


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Avant toutefois de brandir l’étendard du protectionnisme et de parler « d'invasion », à l'instar de certains individus mal informés ou au raisonnement un peu court, il convient de signaler que la Chine ne compte que pour moins de 10 % du total des investissements directs dirigés vers les États-Unis.

Mais un fait demeure, les Chinoises et les Chinois investissent de plus en plus dans l'immobilier. L'étude citée en début d'article signale en effet qu'en termes d'édifices commerciaux, la Chine s'est classée, en 2015, au troisième rang des pays acquéreurs, derrière le Canada et Singapour. Toutefois, au chapitre de l'immobilier résidentiel, la Chine est devenue le principal acheteur de propriétés en sol américain. Plus d'un quart de la valeur des maisons achetées par des non-résidents des États-Unis était le fait de gens originaires de l'Empire du Milieu, le Canada suivant à 11 % seulement. Pour vous donner une idée de la progression rapide des investissements chinois en la matière, les achats de propriétés par des ressortissants chinois aux États-Unis sont passés de 11,2 milliards de dollars à 28,6 milliards de dollars entre 2010 et 2015, soit une croissance annuelle moyenne de 20 %. Quand on parle de tendance lourde...

Et le Canada?

En notre qualité de « voisin » et de partenaire commercial d'importance de la Chine, le Canada n'échappe également pas à cette tendance. À ce titre, Vancouver est sans conteste sur la ligne de front du phénomène, la métropole britanno-colombienne abritant la deuxième diaspora d'importance au pays, après Toronto. Toutefois, l'achat de propriétés par des Chinoises et des Chinois, au-delà de la joie qu'elle peut procurer aux vendeurs, est en voie de créer un sérieux problème socio-économique à Vancouver. Comme il est fait mention dans le reportage Are foreign buyers driving up housing prices?, présenté sur les ondes du National, à la CBC, le prix moyen d'une maison à Vancouver est à l'heure actuelle de 1,4 million de dollars, en hausse de 30 % par rapport à l'an dernier! Maison VancouverLa CBC rapportait d'ailleurs récemment (lire l'article « Rundown Vancouver house for $2.4M: Ridiculous or a bargain? ») la mise en vente à Vancouver de cette mignonne maison de ville, requérant toutefois quelques rénovations, pour la somme de 2,4 millions de dollars (et ce n'est pas une blague!). À qui la chance?

Question délicate en soi, alors que s'entrechoquent les forces du marché et la volonté populaire, et gouvernementale doit-on aussi signaler, de maintenir les prix du marché immobilier dans une fourchette raisonnable. En effet, nombreux sont ceux qui pointent du doigt les citoyens chinois qui, pour diverses raisons (spéculation, projet de retraite, etc.), tendent à acquérir une propriété à Vancouver sans néanmoins avoir le désir de l'habiter immédiatement, accentuant de ce fait la rareté des habitations et les problèmes d'accès à la propriété...

Quoi qu'il en soit, le résultat d'une telle surenchère n'en est que plus navrant : nombre de Vancouvérois en sont réduits soit à s'endetter à des niveaux insoutenables, soit à s'exiler tout simplement, alors que les logements abordables sont de plus en plus rares. Qui a dit que la mondialisation serait aisée?