Les tensions qui existent à l'heure actuelle entre l'Occident et la Russie de Vladimir Poutine ne doivent pas faire perdre de vue le fait que ce vaste pays (le plus vaste de la planète, rappelons-le!) demeure un partenaire commercial d'importance pour le Canada, malgré les sanctions économiques qui le frappent depuis la violation par les forces russes de la souveraineté de l'Ukraine, au printemps 2014.

Un contexte loin d'être idéal...

Comme le fait valoir Mark McNamee dans son article publié sur le site Internet de la Harvard Business Review (lire « Navigating the Complexities of Doing Business in Russia »), faire affaire n'est pas chose aisée dans le pays des tsars. Il y a certes le contexte politique tendu qui prévaut, et qui engendre une foule de conséquences indésirables. Les sanctions économiques que nous évoquions en début d'article ont en effet donné lieu à une réplique du même ordre par la Russie, restreignant ainsi l'accès à l'immense marché russe pour nombre d'entreprises d'ici. Et devant ce tir groupé occidental, Moscou a également mis l'accent sur une politique de préférence pour les entreprises russes lors d'appels d'offre gouvernementaux.


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Par ailleurs, et une fois de plus en raison de la situation délicate entre la Russie et l'Occident, le gouvernement a déployé un zèle bureaucratique plus prononcé qu'à l'habitude à l'encontre de certaines entreprises occidentales, dont McDonald's et IKEA, restreignant la capacité de ces dernières à y mener des affaires. Et tout cela dans un contexte économique mondial qui dessert l'économie russe, certes dépendante des exportations de pétrole et de gaz naturel¹, deux commodités dont les prix ont fortement chuté au cours des dernières années.

Les freins ne sont toutefois pas que conjoncturels, ils sont également structurels. On en voudra pour preuve le 40e rang de la Russie, sur 190, pays quant à la facilité à y mener des affaires, selon le classement Doing Business du Groupe de la Banque mondiale. La Russie affiche également un piètre 131e rang sur 176 pays quant à la présence de corruption, selon l'indice de perception de la corruption élaboré par l'organisation Transparency International. Rien pour encourager les échanges commerciaux...

...mais un potentiel immense!

Nonobstant tous ces facteurs, il n'en demeure pas moins que la Fédération russe constitue, toujours selon Mark McNamee, un marché émergent qu'il ne faut pas rejeter du revers de la main, du fait de la taille de son marché, du pouvoir d'achat de sa population et de la présence importante de ressources naturelles sur son territoire. Que doivent faire, donc, les entreprises et les organisations qui voudraient, dans le plus grand respect des sanctions imposées par le Canada, faire affaire en Russie?

Dans un premier temps, suggère Mark McNamee, il est essentiel pour ces dernières de bien évaluer les risques politiques et économiques qui pèsent sur la Russie, le tout afin de préparer un plan B,C et D pouvant répondre adéquatement à l'incertitude qui plane.

Dans un second temps, les entreprises et les organisations doivent également mettre de l'énergie et des ressources à développer leur expertise gouvernementale, voire même à s'unir avec leurs concurrents au sein d'une association ou d'un lobby, question de présenter un front uni devant le gouvernement central.

En dernier lieu, l'auteur invite les acteurs économiques qui souhaitent faire des affaires en Russie à penser localement. Les liens économiques ainsi développés hors de la capitale Moscou ou de Saint-Pétersbourg, l'autre métropole russe, tout comme les emplois créés sur place et les relations commerciales établies avec les fournisseurs de l'endroit pourront constituer un rempart certes plus solide devant les ingérences politiques du pouvoir central.


¹ La Russie est le premier producteur mondial de pétrole et le second producteur mondial de gaz naturel.