Un entrepreneur informé en vaut deux!

À bien des égards, la Chine a souvent été considérée comme l'eldorado vers lequel les entreprises de tout acabit et de toute taille devaient invariablement converger. Certaines l'ont fait, avec un certain succès, tandis que d'autres s'y sont littéralement cassé les dents...

Une foule d'éléments peuvent évidemment faire la différence entre une internationalisation réussie et un échec lamentable. Et parmi ceux-ci, tous ceux qui ont tenté l'assaut de l'Empire du Milieu signalent la connaissance large du contexte, que ce soit du point de vue politique, économique ou culturel. C'est un incontournable. La connaissance de la Chine et, surtout, des Chinoises et des Chinois, permettra d'éviter nombre d'écueils et de développer des relations fructueuses sur place. Mais comment développer cette connaissance et cette acuité quant à la nature même des habitants de la Chine et, in extenso, de toute autre contrée?

Élaboré au début de la décennie 1970, le modèle des dimensions culturelles du psychologue néerlandais Geert Hosftede constitue sans conteste un excellent point de départ en ce sens. Ce modèle réduit, et cela dit de 

manière non péjorative, toute culture nationale à six variables qui, évidemment, varieront d'un pays à l'autre. Ces variables sont :

La distance hiérarchique. Quelle relation entretenons-nous avec le pouvoir? Ce pouvoir tend-il à être distribué verticalement ou horizontalement? Accordons-nous une quelconque importance à la hiérarchie sociale ou profess

ionnelle? Dans le cas chinois, le score de 80 (sur 100) renvoyé par les enquêtes successives menées par Geert Hofstede et ses complices indique une société fortement hiérarchisée, où l'initiative et le leadership ne sont pas nécessairement des vertus cardinales. Peut-

L'individualisme/collectivisme. Cette dimension du modèle de Geert Hosfstede illustre le degré d'interdépendance constaté entre les membres d'une société donnée. Concevons-nous la vie sociale en termes individuels (prédominance du « je ») ou collectifs (prédominance du « nous »)? Comme le signale le psychologue batave, le score de 20 obtenu par la Chine pour cette dimension renvoie l'image d'une société fortement collective, au sein de laquelle toute manifestation d'indépendance personnelle sera généralement décriée. La préservation de l'harmonie au sein de la société chinoise est un thème fort et persistant;il en être autrement, dans cette société quatre fois millénaire, encore et toujours dirigée par un empereur aujourd'hui?

La masculinité/féminité. Les sociétés masculines sont généralement plus compétitives et mettent l'accent sur la valorisation du succès matériel. À l'inverse, les sociétés dites féminines privilégient davantage la coopération et l'inclusion, de même que la qualité de vie de leurs membres. Avec un score de 66, la Chine se range du côté des sociétés masculines. Puissant paradoxe, pour un pays officiellement communiste, et qui compte aujourd'hui plus de milliardaires qu'aux États-Unis!

L'évitement de l'incertitude. L'avenir est-il collectivement angoissant? Tentons-nous de tout planifier, afin d'éviter les mauvaises surprises? Nous le sommes certainement, ici au Canada, mais beaucoup moins en Chine, comme le révèle le 30 obtenu à l'égard de cette variable. Peuple débrouillard, ayant survécu au rouleau compresseur du temps durant plus de 4 000 ans, les Chinois s'adaptent facilement et sont pragmatiques, signe d'une cohabitation relativement aisée avec l'incertitude; 

L'orientation long terme/court terme. La conception du temps est sans doute l'un des traits distinctifs d'une société. Le score de 87 renvoie l'image d'une Chine axée sur une conception du temps long, qui s'adapte sans trop de peine aux changements imposés par la marche de l'Histoire. Cela contraste fortement avec nos sociétés occidentales, davantage axées sur le court terme;

Tolérance contre retenue. L'expression des sentiments, des désirs, des impulsions ou de la différence est-elle une chose tolérée? En Chine, où l'expression de ses sentiments en public peut être perçue, dans des cas extrêmes, comme une marque de grossièreté, on ne s'étonnera pas du faible score (24) obtenu à cet égard.

Au final, nous obtenons donc un profil qui permettra à toute personne qui souhaite faire des affaires en Chine de mieux entrevoir quelques traits importants de la psyché des Chinoises et des Chinois. Certes, le modèle de Geert Hofstede demeure ce qu'il est, c'est à dire un modèle, et n'aura jamais la prétention d'expliquer cette psyché de manière parfaite, compte tenu de la diversité démographique du pays et, surtout, du nombre de personnes qui en sont les ressortissants. Mais cet exercice bien théorique constituera un socle sur lequel pourra se bâtir votre connaissance plus aiguisée de ce peuple exceptionnel, une fois sur place!