La compagnie d'aviation éthiopienne est la star du ciel africain!

Placer dans la même phrase « Éthiopie » et « performance » ne va pas de soi. Ce pays de la Corne de l'Afrique est de coutume davantage associé à la pauvreté, la famine et la guerre. Mais les choses sont peut-être en voie de changer petit à petit, au rythme du continent africain! L'Afrique est résolument en mouvement et, dans une optique pure de la croissance économique, l'Éthiopie se situe en avant de la parade! Le pays affiche en effet une croissance attendue de son PIB supérieure à 10 %, au troisième rang des pays du globe à ce chapitre. Une performance tout simplement remarquable, dont la compagnie aérienne nationale, Ethiopian Airlines, est un sans doute fidèle reflet.

Une compagnie aérienne africaine... pérenne et rentable!

Car à n'en point douter, la compagnie aérienne nationale, dont l'État éthiopien est le seul propriétaire, affiche une performance hors de l'ordinaire et une longévité exemplaire. Le transporteur, en opération depuis 70 ans, continue d'afficher une profitabilité à tout crin, dans un domaine d'affaires et sur un continent où rien n'est assuré à ce chapitre. Comme le souligne avec justesse John Aglioby dans son papier publié sur l'entreprise dans le Financial Times (lire « Ethiopian Airlines soars with help from the state »), Ethiopian Airlines a cumulé en 2015 un profit supérieur à celui de l'ensemble des transporteurs aériens du continent africain! Ce dernier se chiffrait à 3,15 milliards de birrs, soit environ 188 millions de dollars canadiens, et le ratio de la marge d'exploitation de l'entreprise¹ (9,50 % pour 2015) n'a rien à envier à celui des plus grandes et des meilleures compagnies aériennes sur le globe.

Ceci explique cela...

La performance globale d'Ethiopian Airlines a de quoi surprendre! Comment l'expliquer? D'une part, la non ingérence des instances gouvernementales dans la gestion de l'entreprise joue pour beaucoup. Même détenue entièrement par l'État, Ethiopian Airlines n'est pas tenue de verser de dividendes à ce dernier, et peut donc réinvestir ses profits dans le développement de l'entreprise. À cet effet, l'âge des aéronefs de la ligne aérienne est l'un des plus bas dans le domaine, soit cinq ans et demi, et l'entreprise vient tout juste d'ajouter trois appareils Boeing 787 « Dreamliner » à sa flotte. En sa qualité d'entreprise étatique, Ethiopian Airlines peut également bénéficier de facilités de crédit accrues et des politiques avantageuses mise de l'avant par son chaperon au chapitre des salaires, ce qui contribue à réduire la pression au chapitre des coûts. Et, il faut bien le dire, les déboires des concurrents africains laissent à Ethiopian Airlines un ciel beaucoup plus libre. Ainsi en va-t-il de South African Airways, Kenya Airways ou ECAir (lire notre portrait de la compagnie aérienne congolais intitulé « ECAir : décollage spectaculaire dans le ciel congolais »), des compagnies aux grandes ambitions africaines et internationales, mais aux prises avec de sérieuses difficultés financières qui restreignent sensiblement leurs activités.

Addis Abeba, nouveau hub aérien

La bienveillante proximité du gouvernement éthiopien permet également au transporteur aérien national de voir grand... et loin! Addis Abeba, la capitale de près de 3,5 millions d'habitants, est desservie par un aéroport de calibre international, Bole, qui fait désormais office de hub pour l'est africain, à destination de l'Asie et de l'Europe. Le gouvernement entend aussi construire un nouvel aérodrome dans la prochaine décennie, le tout afin d'accommoder les quelque 120 millions de passagers qui devraient transiter annuellement par Addis Abeba. Car Ethiopian Airlines ne s'arrêtera pas là et maintenant! L'ambitieuse ligne aérienne veut, d'ici 2025, transporter 22 millions de passagers (ils étaient 6,4 millions en 2015) par l'entremise d'une flotte portée à 140 avions, pour des revenus espérés de dix milliards de dollars américains.

Si le passé est garant de l'avenir, le pari est en bonne voie d'être relevé par les gens d'Ethiopian Airlines!


¹ Ratio de rentabilité égal au quotient obtenu en divisant le résultat d'exploitation de la période par le chiffre d'affaires de cette période (source : Institut canadien des comptables agréés, 2006)