Au Culture Fest, on déboulonne les mythes entourant la culture d'entreprise...

Je sors à l’instant du tout premier et non moins intéressant Culture Fest qui se tenait le 12 avril à Montréal. Organisée par Gsoft, cette journée d’échanges d’idées et d’expériences portait sur l’un des concepts les plus observés par les dirigeants d’aujourd’hui : la culture d’entreprise.

Les thèmes abordés? L’entreprise libérée, l’entreprise sans patron, les nouveaux environnements de travail, le bonheur des employés, la célébration de l’innovation et même – croyez-le ou non – la célébration de l’échec. Autant de thèmes improbables il y a quelques années.

Les participants : plusieurs centaines de personnes, majoritairement des milléniaux pour qui la gestion des ressources humaines est une notion déjà ringarde, remplacée par la gestion des talents/personnes ou de la culture, celle qui place l’expérience-employé au cœur de leurs priorités. Quelques entreprises, aussi, principalement associées aux nouvelles technologies : Gsoft, Shopify, Busbub, Moment Factory, Ubisoft et autres. En commun, bien sûr, une expérience très concrète qu’ils ont souhaité partager entre eux.

Le jour et la nuit

Entre eux, mais aussi avec les autres, c’est-à-dire les nombreux participants issus d’entreprises traditionnelles, pour qui ces témoignages étaient aussi révélateurs qu’affolants : comment diable pourraient-ils convaincre le directeur financier ou le directeur général d’une banque ou d’un grand manufacturier qu’il y aurait retour sur l’investissement à la suite de l’implantation de pratiques aussi innovantes et inspirantes que celles qu’ils entendaient à ce festival de la culture? Je n’ai pu m’empêcher d’être sensible à leur vertige en entendant moi-même des conférenciers parler de budget consacré aux employés pour qu’ils décorent leur espace de travail à leur goût, de cours de yoga ou de méditation, de services ménagers à domicile pour assurer la paix d’esprit au travail, de la permission de venir au bureau avec son chien, d’une activité de Team Building à Barcelone ou sur un yacht dans les Caraïbes, de retours de congés de maternité progressifs, de télétravail, de calendriers d’activités sociales infinis… Autant d’idées destinées à accroître l’indice de bonheur au travail et le niveau d’engagement des employés.

Du court au long terme

Ces entreprises innovantes et inspirantes ne sont pas légion. Au Canada comme au Québec, elles sont une minorité à s’être engagées sur la voie de la réingénierie du bonheur au travail. Aussi, j’ai pu constater qu’au-delà de ces pratiques innovantes, c’est une minorité de cette minorité qui a mis en place de véritables programmes étoffés de gestion du talent.

D’ailleurs, la plupart des conférenciers présents à ce Culture Fest n’étaient pas du nombre. Ce qui porte à réfléchir : pour avoir un véritable effet à long terme sur les résultats des entreprises, pour que ces pratiques se reflètent concrètement tant sur l’indice de mobilisation des talents que sur leur fidélisation à l’entreprise, il sera essentiel que ces premières expériences ne soient pas éphémères et donnent naissance à une véritable culture assortie de solides programmes de gestion des talents, de gestion des personnes.

Par où commencer?

Les entreprises et les organisations qui ne sont pas nées à l’ère des nouvelles technologies doivent-elles prendre exemple sur ces nouveaux modèles et tout changer? Surtout par où doivent-elles commencer? 

Plusieurs enquêtes menées auprès de directeurs généraux démontrent que l’enjeu numéro un, ce qui les empêche virtuellement de dormir, c’est précisément le recrutement, la motivation, la fidélisation et surtout le développement des talents. La question qui les hante jour et nuit est la suivante : est-ce que j’aurai les talents nécessaires, en quantité et en qualité suffisantes, pour atteindre mes objectifs d’affaires? Et de là, comment attirer les meilleures ressources et leur offrir les occasions de développement professionnel qui les stimuleront au point de les conserver? Car c’est un enjeu de taille pour toute organisation qui se trouve devant l’obligation de se transformer pour réaliser ses objectifs d’affaires. En d’autres termes, la très grande majorité des organisations…

Les organisations qui font école en cette matière ont fait de la gestion des talents l’un des piliers de leur plan stratégique. Elles ont mis en place un milieu de travail qui permet aux talents de s’accomplir, de s’épanouir, de se développer et d’être reconnus à leur juste valeur. Elle s’assure d’offrir une mission aux employés qui a du sens, de s’engager pour une cause.

Elles ne se sont pas contentées d’aménager un gymnase, d’ajouter de la flexibilité aux horaires de travail ou de distribuer gratuitement des fruits frais durant les pauses. En amont, elles se sont donné une vision claire du rôle des gestionnaires et des comportements attendus des employés. Pour que la gestion des talents soit une priorité d’évolution, elles ont axé cette vision sur leur propre leadership, c’est-à-dire le leadership des gestionnaires. Pourquoi? Parce qu’elles ont compris que pour faire en sorte qu’une masse critique d’employés adopte les comportements désirés, ces derniers doivent être inspirés… par ceux qui les dirigent.

Le rôle que jouent le comité de direction et les gestionnaires est essentiel dans une telle évolution. Dans leur rôle de modèle, ces leaders sont à la base même du succès de toute stratégie d’évolution culturelle : c’est à eux qu’il appartient d’accompagner leurs équipes dans cette évolution, en incarnant la confiance sans laquelle les employés seront hésitants à utiliser l’autonomie qui leur est dévolue pour innover.

Un investissement rentable

Les directions de ces entreprises de nouvelle génération le savent : investir dans le développement de leurs leaders a une influence directe sur la mobilisation de leurs employés et sur la performance de l’entreprise (retour sur l’investissement). Mettre la gestion des talents au cœur de leur stratégie de développement, former les gestionnaires pour qu’ils soient les leaders de ce changement de culture, c’est une décision payante. Dans les faits, ce changement de culture pourra s’inspirer des différentes pratiques mises en place par les entreprises présentes à ce Culture Fest : certaines ont fait preuve d’une étonnante créativité.

Ce Culture Fest a été une occasion de mettre en lumière un mouvement de fond qui réinventera le monde du travail et qui a toutes les chances d’augmenter le nombre d’entreprises québécoises qui savent attirer les talents et les fidéliser tout en augmentant l'indice de bonheur.