C'est à tout le moins ce que Goodluck Jonathan, le président de ce pays d'Afrique de l'Ouest, le plus populeux du continent, souhaite pour cette nouvelle ville qui émerge déjà de l'Atlantique.

Eko Atlantic est une île d'environ 10 kilomètres carrés, adossée à Lagos, ancienne capitale du pays et mégalopole de 18 millions d'habitants. En érigeant ce tout nouveau quartier insulaire, les autorités nigérianes espèrent notamment ralentir les attaques féroces de l'Atlantique sur la lagune, elle-même au coeur de la topographie de Lagos. Mais surtout, cette initiative environnementale se double d'un gigantesque projet de développement économique qui veut faire d'Eko Atlantic un centre économique et financier capable de rivaliser avec Dubaï, notamment. Pour ce faire, il faut donc y attirer à la fois des gens et des entreprises. Eko Atlantic sera, à terme, le lieu de résidence d'un quart de million d'habitants et 150 000 personnes viendront y travailler quotidiennement. On y trouvera évidemment des appartements de grand luxe, des centres commerciaux et des tours à bureaux au design futuriste, au sein desquelles les grandes entreprises seront invitées à venir s'établir. L'île sera desservie par trois marinas auxquelles on pourra accéder par une voie navigable d'une largeur de trente mètres.

Évidemment, lorsque des chantiers d'une telle envergure sont mis en oeuvre, les critiques ont l'habitude de fuser assez tôt et les positions se polarisent rapidement. Les apologistes du projet font valoir qu'Eko Atlantic sera une formidable vitrine pour le développement économique du Nigéria. De plus, on fait valoir la dimension environnementale du projet, l'île devant être autonome au chapitre de l'énergie et de l'approvisionnement en eau. Les sceptiques, quant à eux, rétorquent que les problèmes du Nigéria, et particulièrement ceux de Lagos, seront loin d'être résolus par une telle initiative qui, au final, ne devrait profiter qu'aux mieux nantis. Rappelons au passage que Lagos est une ville qui craque littéralement sous la pression démographique, alors que les deux-tiers de sa population, soit environ douze millions de personnes, s'entassent dans des bidonvilles et que 600 000 personnes viennent annuellement gonfler le nombre de ses habitants.

L'Afrique se développe, et rapidement. Outre Eko Atlantic, plusieurs autres villes modernes sont actuellement projetées, ou en voie d'être construites. Il y a quelques mois, nous vous parlions, entre autres, de la nouvelle capitale égyptienne (lire « Le prochain projet pharaonique de l'Égypte »), mais d'autres projets tout aussi gigantesques sont aussi en chantier, que ce soit au Ghana, au Kenya ou en République démocratique du Congo (lire l'article de Teo Kermeliotis intitulé « Africa's"new cities": Urban future or utopian fantasies? », sur le site Internet de CNN). Mais la question demeure entière : à qui profiteront réellement ces projets démesurés?