Article publié dans l'édition printemps 2019 de Gestion

S'ils veulent réussir la transition énergétique qui s'amorce, les dirigeants d'entreprise ne pourront pas se contenter de remplacer leurs ampoules et leurs luminaires énergivores. En plus d'optimiser leurs méthodes de production et leurs installations, ils devront parfois revoir leurs modèles d'affaires de fond en comble. Or, des solutions simples et efficaces sont à leur portée. 

Ecosystem est une firme montréalaise spécialisée dans l’élimination du gaspillage de l’énergie en entreprise. Elle aide les propriétaires d’édifices commerciaux, industriels et institutionnels à améliorer la performance énergétique de leurs immeubles en réduisant les pertes, notamment dans les systèmes de chauffage, de climatisation et d’éclairage. L’entreprise s’est donné comme objectif général de diminuer de 30 % la consommation énergétique des bâtiments de ses clients.ecosystem en bref

Comment y arrive-­t-­elle ? Ses équipes collaborent étroitement avec les propriétaires des bâtiments à toutes les étapes du processus, du diagnostic jusqu’à la mise en œuvre des solutions retenues, explique André Rochette, président et fondateur d’Ecosystem. « Nous connaissons bien l’efficacité énergétique et les systèmes électromécaniques en général, mais nous ne connaissons pas les bâtiments sur lesquels nous devons travailler, dit­-il. Sans la participation des gens qui connaissent les installations, les risques d’erreur seraient très élevés. »

Afin d’assurer l’adhésion entière de toutes les parties prenantes, un esprit de saine collaboration est nécessaire dès le début de chacun des projets. L’information doit donc circuler avec facilité entre les clients et les équipes d’Ecosystem. « Il arrive qu’un client nous propose une solution. C’est bien, mais nous le mettons parfois au défi en lui soumettant une idée différente. Or, si le client n’a pas été impliqué dans le processus dès le premier jour, il peut éprouver une certaine réticence à accepter notre proposition. »


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Des solutions payantes

La collaboration est tout aussi essentielle au cours des étapes suivantes, lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre les solutions retenues et d’évaluer les résultats, d’autant plus qu’elles peuvent parfois s’échelonner sur une période de 15 ans. Une fois les changements apportés, les techniciens d’Ecosystem sont appelés non seulement à vérifier le bon fonctionnement de l’appareillage des bâtiments mais aussi à optimiser les différents systèmes qu’ils ont eux­mêmes modifiés.

Le travail réalisé par Ecosystem au Parc olympique de Montréal est un bon exemple de projet réussi avec brio. Réalisé entre 2015 et 2018, ce mandat portait sur l’amélioration de l’empreinte écologique, sur la diminution des coûts d’exploitation et sur le remplacement de plusieurs équipements vétustes.

Le résultat : une réduction de 26 % de la facture énergétique de la Régie des installations olympiques, ce qui se traduit par des économies annuelles de 1,3 million de dollars, en plus d’une diminution de 50 % des émissions annuelles de GES.


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La valeur avant tout

Le modèle d’affaires d’Ecosystem repose essentiellement sur la valeur économique à long terme de son travail pour ses clients. En effet, la relation d’affaires est établie en fonction de contrats de performance, dans lesquels sont déterminés des gains financiers répartis sur plusieurs années. La direction d’Ecosystem préfère les appels d’offres en vertu desquels les contrats sont accordés aux soumissionnaires qui proposent la meilleure valeur actuelle nette1 plutôt que ceux dont l’attribution dépend avant tout du coût, même si la firme risque d’encourir des pénalités dans l’éventualité où elle n’atteindrait pas ses objectifs en matière de valeur.

« L’avantage pour nous, c’est d’être appelés à travailler sur des projets qui créent plus de valeur pour les clients, ce qui nous permet de nous distinguer de nos concurrents », explique André Rochette. Puisque l’entreprise accorde la priorité à la valeur que les clients obtiendront, cette approche fait correspondre parfaitement les intérêts d’Ecosystem et ceux de ses clients. Les honoraires facturés par l’entreprise revêtent ainsi moins d’importance que la valeur économique garantie par Ecosystem au terme des projets, ce qui donne toujours de meilleurs résultats, explique le président fondateur.

Devant les exigences de la transition énergétique, André Rochette estime que le modèle d’affaires de son entreprise pourrait bien gagner en importance. Selon lui, dans la majorité des entreprises, la plupart des améliorations faciles à apporter ont déjà été réalisées. Les gains ultérieurs exigeront un travail d’optimisation plus poussé. « Tout le monde parle de la transition énergétique, dit­il. Mais si nous voulons réduire de 30 % la consommation énergétique de nos bâtiments sans en réduire le confort, nous devons prendre conscience du fait que ça exigera un travail d’ingénierie de très haut calibre. »


Note

1. La « valeur actuelle nette » d’un projet d’investissement (VAN) correspond à la somme des flux de trésorerie futurs actualisés au taux qui prend en compte le niveau de risque du projet, dont on soustrait les coûts d’investissements initiaux. La VAN permet de comparer la rentabilité des projets d’investissement tout en tenant compte de la valeur du temps et du coût d’opportunité, aussi appelé « coût de renonciation ». (Définition tirée du glossaire en ligne de la firme comptable Mazars.)