Depuis quelques décennies marquées par la mondialisation des marchés, les entrepreneurs exercent leurs activités dans des contextes en ébullition. Leur métier, qui consiste à concevoir et à mettre en œuvre des innovations, est en transformation constante. Qui sont les entrepreneurs d’aujourd’hui ? Et de quels apprentissages ont-ils besoin ?

Depuis l’apparition des premiers programmes de formation et d’éducation en entrepreneuriat, au cours des années 1970, la compréhension de soi et la réflexion sur son savoir-être et son savoir-devenir ont été et demeurent des éléments fondamentaux de l’enseignement entrepreneurial.

Comment définir de façon créative des innovations pour ensuite passer à l’action ? Comment atteindre ce qu’on souhaite en utilisant ses ressources au maximum et en éliminant le plus de contraintes possibles pour parvenir à se réaliser ? Comment mieux mettre en valeur ses capacités ? Comment renforcer sa confiance en soi, canaliser ses énergies et rassembler ses ressources pour réaliser son rêve ?

Voilà une démarche en profondeur qu’il ne faut jamais négliger pour mieux faire valoir ses talents et se préparer à accomplir un projet qui motive profondément les gens et qui pourra même susciter une véritable passion chez l’entrepreneur et ses clients.

Un enseignement en mutation

Le métier d’entrepreneur s’apparente à celui des artistes et des créateurs, car il impose notamment de subir à répétition le syndrome de la page blanche, c’est-à-dire de définir et de redéfinir des contextes. L’apprentissage du métier débute généralement par la maîtrise d’une démarche dans le but de créer une possibilité, une occasion.

Pour l’entrepreneur, la compréhension des besoins et la façon d’élaborer une réponse à ces mêmes besoins sont vitales. La capacité projective et les valeurs de chacun déterminent la façon de répondre que chacun imaginera. Cette réponse doit être en adéquation avec les valeurs profondes de l’entrepreneur, qui doit pouvoir s’engager à fond et s’abandonner dans des projets dont les degrés d’incertitude sont variables.

Pour un nombre toujours plus élevé d’étudiants entrepreneurs, ce ne sont plus les opportunités qui les intéressent mais plutôt ce qui est considéré par les autres comme une impossibilité. Ainsi, le nombre de Jules Verne et de Bertrand Piccard qui imaginent ou réalisent l’impossible ne cesse d’augmenter.

Les clientèles d’étudiants qui désirent acquérir des connaissances en matière de conception et de mise en œuvre d’innovations de plus en plus sophistiquées sont toujours plus nombreuses et plus diverses. Afin de permettre des cheminements vraiment adaptés, les programmes d’éducation entrepreneuriale doivent inclure un ensemble flexible d’activités complémentaires à celles des cours.

Il y a quelques décennies, l’étudiant en entrepreneuriat était souvent considéré comme un quasi-délinquant, parce qu’il n’aimait pas suivre les cursus standards. Dans un avenir assez rapproché, il sera en mesure d’établir, sous la supervision de son mentor, un programme d’apprentissage confectionné sur mesure.

Ce programme comportera de plus en plus de contacts avec des praticiens ainsi que des jeux de simulation de création et de reprise d’entreprises. S’y ajouteront des exercices d’élaboration de modèles futuristes comprenant plusieurs variétés de PME. Nous verrons apparaître des holdings de PME dirigés par de petites équipes créatives très axées sur l’innovation. Mais au-delà de tout cela, il apparaît que la capacité de rêver grand demeurera l’élément capital qui continuera à distinguer les personnes qui feront reculer, à petits pas, les barrières du possible.

L’émergence de nouveaux profils types

Des valeurs de fond émergentes caractérisent de plus en plus les pratiques entrepreneuriales en devenir. Dans ce contexte, voici quelques pistes pour entrevoir les profils entrepreneuriaux qui se dessinent.

Conscience écologique et socialeLa conscience écologique et sociale

Depuis environ une décennie, nous observons la présence d’une masse critique sans cesse croissante d’entrepreneurs à la conscience écologique et sociale aiguisée. Avec la transformation des sociétés, les besoins se multiplient et les gouvernements n’ont ni la souplesse ni les ressources nécessaires pour suivre la cadence. Cette nouvelle conscience écologique et sociale est porteuse de projets innovants toujours plus nombreux.

La proportion d’étudiants qui travaillent à un projet d’entrepreneuriat écologique ou social ne cesse d’augmenter et représente maintenant de 10 à 20 % des étudiants dans la majorité des cours d’entrepreneuriat. Cette tendance va en s’accentuant.

ExplorationL’exploration

Les explorateurs sont un type d’entrepreneur qui a toujours existé. Leur nombre s’est toutefois décuplé au cours des dernières années. Ils ont des idées. Ils sont de bons communicateurs, imaginatifs et extrêmement tenaces. Ils veulent dépasser, voire abattre les frontières de ce qui existe. Ils prennent le temps d’imaginer et d’inventer de nouvelles façons de faire les choses et d’interrelier les êtres humains.

Œuvrant traditionnellement dans le secteur manufacturier, ces explorateurs sont maintenant actifs non seulement dans les domaines des technologies et des services mais aussi en commercialisation et en innovation de procédés. Ils utilisent beaucoup les résultats de recherches issues de leurs écosystèmes : pensons à la Silicon Valley ou, plus près de nous, à Lise Watier, qui a utilisé des dérivés du thé du Labrador élaborés par des chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi afin de rendre plus régénératrice la composition de certains de ses cosmétiques.

ConquêteLa conquête

Certains explorateurs deviennent des conquérants. Ils se trouvent notamment chez des géants comme Google ou Facebook ainsi que dans de nombreux secteurs d’activité culturels et créatifs. Ces entrepreneurs travaillent de plus en plus souvent avec des équipes de facilitateurs qui deviennent des complices dévoués, profondément engagés dans la réalisation de la vision de leur leader. En équipe, ils génèrent des innovations (produits, services ou procédés) qui transforment nos façons de vivre, d’apprendre, de travailler et d’évoluer. En Amérique du Nord – et le Québec ne fait pas exception –, 75 % des entreprises sont actuellement créées par des équipes.

Entreprise impossibleL’entreprise impossible

Certains entrepreneurs aiment rêver de l’impossible. Ainsi, Elon Musk ne s’intéresse plus à la Lune : il veut créer des navettes pour aller sur Mars ! Les étudiants travaillant à un projet qui relève davantage de l’impossible que du possible sont toujours plus nombreux. Leurs valeurs et leur forte conscience sociale sont hautement motivantes pour les éducateurs que nous sommes, mais le défi de rendre ces projets viables vient chercher tout ce que nous pouvons utiliser de nos expertises et de nos ressources, tant intellectuelles que créatives.

Plus nombreuses mais plus petites

DES CHAÎNES…

De plus en plus de grandes chaînes commerciales réussissent à croître en instaurant un système de franchises comprenant des unités toujours plus nombreuses mais dont les opérations individuelles sont toujours plus petites. Par exemple, la majorité des unités de la chaîne Subway comptent une fraction des opérations de la majorité des restaurants McDonald’s, une chaîne apparue sur le marché voilà plus d’un demi-siècle.

… AUX PME

Les PME sont toujours plus nombreuses mais peinent à croître. Au Québec, moins de 3 % des entreprises emploient plus de 100 personnes. Toutefois, la part du PIB occupée par les PME et les microentreprises est en augmentation constante dans presque toutes les économies et atteint près de 50 % du PIB dans la majorité des pays de l’OCDE.