Dans un environnement où la pression devient monnaie courante, comment faire pour vous empêcher de transmettre votre stress à votre équipe et ainsi assurer la performance de cette dernière?

À l’heure actuelle, il n’existe aucune solution universelle à ce problème, et gare à ceux qui vous diront le contraire! Si vous êtes gestionnaire, il y a toutefois moyen d’épargner à votre équipe votre propre stress.

Le stress : un ennemi qui vous veut du bien

Le stress a tendance à être mal vu. Cependant, il a régulièrement de bonnes raisons de s’imposer dans le quotidien. Outre sa propension à faire sortir les gens de leurs gonds, à les faire agir de mauvaise foi ou à entraîner de la procrastination chez eux, il signale un certain degré de danger. Or, en 2021, dans nos contrées occidentales paisibles, le danger est une notion somme toute bien relative… Le stress peut néanmoins se révéler considérable lorsque vous craignez de ne pas être à la hauteur, que vous croyez que les heures imparties ne suffiront au grand jamais à boucler le projet, ou alors quand les préoccupations en lien avec une situation conflictuelle planent au-dessus de vous comme une épée de Damoclès.

Dans chacune de ces situations, le curseur interne correspondant à la notion de danger pointe vers le rouge. Le système nerveux autonome perçoit de nombreux indices indiquant une forte probabilité que la situation tourne au vinaigre. Voulant le plus grand bien pour vous, ce système vous met dès lors en situation de réaction.

Lorsque le stress se transmet

Certes, sur papier, vous vous direz probablement que réagir à un danger (avéré ou non) est une excellente chose. Vous pourrez même vous féliciter et convenir que de ne pas sombrer dans l’inaction constitue une sage décision. Pourtant, malgré toute votre bonne volonté, pareil comportement fait en sorte que vous transmettez également votre stress à votre entourage. Membres de la famille, amis, collègues : chaque personne que vous croisez en reçoit une partie plus ou moins importante. Cela s’applique donc au commerçant avec qui vous aurez à peine passé une minute à la caisse ou à la gardienne chez qui vous récupérerez votre enfant en fin de journée. Dans de telles circonstances, le stress devient beaucoup plus envahissant que de raison.

L’effet domino

En situation de stress – et donc de réaction –, personne n’est au meilleur de sa performance. Bien sûr, vous avancez, mais parfois à tâtons, parfois en brûlant les étapes, et souvent de manière désorganisée. En tant que gestionnaire, votre équipe est la première à en subir les conséquences… et l’effet domino ne s’arrête pas là. Puisque chacune de ces personnes reçoit une part du stress que vous distribuez sur votre passage, son propre cercle en récupère une partie par la suite. Au point de vue du simple environnement de travail, cet effet de ricochet peut aller bien au-delà de votre propre service : il peut atteindre les autres départements, voire vos clients (actuels ou potentiels) ou vos prestataires si vous exercez une activité commerciale. Le système nerveux autonome de chacun de ces acteurs aura perçu, au passage de la personne stressée, un danger pour lui-même; en conséquence, il se sera mis lui aussi en réaction, et donc en état de stress, perpétuant l’effet domino.

Deux écoles

Devant cette démonstration, deux écoles de pensée cohabitent. La première, l’école des fatalistes, soutient que c’est ainsi; que vous n'y pouvez rien, et que l'époque actuelle – où tout le monde est stressé du matin au soir – en est une qui est bien étrange. La seconde école est celle des optimistes. Ceux-ci sont ravis de comprendre tous ces mécanismes, de savoir comment un tel effet domino a une incidence sur eux et comment le stress des uns peut avoir des répercussions sur le stress des autres. Ces optimistes se mettent ensuite en quête de solutions : comment peuvent-ils faire en sorte de gérer leur propre stress afin qu’il n’ait aucun effet sur leurs équipes? Qu’ont-ils en leur pouvoir pour stopper l’effet domino?

L’étape de la vérification

Avant toute chose, il importe de vérifier la pertinence de ce stress. Votre système nerveux autonome a perçu des dangers et vous a mis en position de réaction, déclenchant ce stress en vous. Or ce danger est-il avéré? La première étape consiste donc à observer cet élément déclencheur et à vérifier si le curseur lié au danger prend une direction adéquate. Pour ce faire, vous pouvez réfléchir à la gravité du danger si celui-ci devenait réalité. Afin de rendre les choses plus factuelles, donnez-lui une note variant entre 1 et 10 (1 correspondant à un danger peu grave et 10, très grave). Ensuite, examinez d’un autre angle la véracité de ce danger en mesurant la probabilité qu’il devienne réalité. De la même manière, attribuez à cette possibilité une note de 1 à 10 (1 équivalent à un danger peu probable et 10, très probable). Cette étape est essentielle, car tout un chacun a tendance à enclencher son propre pilote automatique aux moindres signaux de stress alors même que le danger a une probabilité infime de se réaliser (ou alors un indice de gravité peu élevé).

Un temps pour tout

L’étape suivante : apprendre à gérer votre stress et à ne pas être trop « généreux » en le communiquant à chacune des personnes que vous croisez. Pour vous aider, il existe de nombreux outils, parmi lesquels la cohérence cardiaque. En travaillant celle-ci, vous reprendrez le contrôle sur votre variabilité cardiaque. Entre autres résultats, cela fera en sorte que votre système nerveux autonome percevra de nouvelles informations en regard de la situation qu’il considérait jusque-là comme dangereuse. Vous pouvez également vous constituer une boîte à ressources qui vous permettra de changer d’état facilement et de ne pas subir une situation de réaction impulsée par ce que votre corps aura perçu de la situation extérieure. Attention : il ne s’agit pas de faire l’autruche en adoptant la posture du déni relativement au fait que certaines choses ne se déroulent pas comme vous le souhaitez. Au contraire, cela signifie d’accorder à ces imprévus un certain temps, de les évaluer et de faire en sorte de ne pas transmettre votre insécurité aux membres de votre équipe lorsque vous échangez avec eux si la gravité et la probabilité du danger n’en valent tout simplement pas la peine.

Donnez-vous du temps

Toute la meilleure volonté du monde n’est pas suffisante pour faire changer les choses en un claquement de doigts. Soyez patient! De tels réflexes et schémas de pensée existent bel et bien et ont pris leurs aises depuis votre plus jeune âge; il est donc nécessaire de vous accorder du temps pour les bousculer et déloger ceux qui vous nuisent. Un professionnel de l’accompagnement peut vous faire gagner du temps pour démêler ces mécanismes.