Philippe Rainville est un président accompli.

Philippe Rainville, président-directeur général d'Aéroports de Montréal

Philippe Rainville, président-directeur général d'Aéroports de Montréal

Cet ancien comptable de formation a occupé diverses fonctions depuis 2008 chez Aéroports de Montréal (ADM) un aéroport en croissance constante. Depuis maintenant un an, il occupe le poste de président-directeur général. Avec une augmentation de 9,5% et plus de 18 millions de passagers par année, l’Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal n’a pas fini de se transformer.

L’aéroport est ouvert depuis 1941 et ADM a été créé en 1992. Cette société à but non lucratif est liée à Transports Canada par un bail à long terme. Elle n’a pas pour vocation à dégager des bénéfices pour des actionnaires, mais plutôt de réinvestir 100% de ses profits dans de nouvelles infrastructures. Et c’est en définitive le principal défi des prochaines années : accroître davantage la capacité de l’aéroport, que ce soit en termes d’accueil des voyageurs, ou bien encore grâce à l’expansion des infrastructures aéroportuaires existantes.

Au niveau des usagers, M. Rainville est persuadé qu’il faut toujours travailler de concert avec les différentes compagnies aériennes, afin de leur proposer de nouvelles routes. C’est d’ailleurs dans cette perspective que sera lancée au mois de juin 2018 une nouvelle liaison directe entre Montréal et Tokyo (Air Canada), ou encore Lima offerte depuis décembre dernier. Cela permet notamment d’augmenter la capacité de l’aéroport à effectuer des correspondances, notamment pour les voyageurs américains et asiatiques. Mais cela vient aussi avec son lot de défis : « la première priorité, c’est la sécurité, viennent ensuite le service à la clientèle et la fluidité », précise ainsi le PDG de l’aéroport. « Dans le futur, de nombreux aéroports pourront miser sur la biométrie pour diminuer le temps de parcours des voyageurs et des files d’attente. » Et c’est précisément cette gestion du volume de clientèle qui semble être l’élément crucial dans la poursuite du développement d’ADM.

Car c’est notamment grâce à la redevance prélevée sur chaque billet d’avion que l’aéroport parvient à financer ses divers projets d’aménagements. Et bien qu’ADM soit rentable selon M. Rainville, le financement de cette croissance passe également par des efforts importants: « Nous avons aujourd’hui 2 milliards de dettes qui nous permettent de financer nos différents projets d’expansion. » Parmi les multiples chantiers à venir, il en est un majeur qui va littéralement transformer l’expérience des voyageurs dans les années à venir : l’arrivée du REM (Réseau Express Métropolitain). « C’est la plus belle chose qui peut arriver à Montréal, s’enthousiasme M. Rainville, tout le monde va pouvoir en profiter, et notamment les banlieues. Un train direct pour rejoindre le centre-ville va nous placer à égalité de tous les grands aéroports internationaux.»

Philippe Rainville devant l'aéroport de MontréalUne fois encore, la stratégie de croissance liée à ce projet d’envergure nécessite une grande expertise en termes d’ingénierie, de planification et de communication. Il faudra notamment démonter le stationnement étagé de manière à pouvoir construire la future station d’arrivée du REM. Et pas question d’anticiper les constructions sans avoir obtenu de demande officielle au préalable; car depuis la révision de la vocation de l’aéroport de Mirabel, la prudence est de rigueur. Tous les plans d’aménagements suivent ainsi la même logique de phasage, une étape à la fois. Le même processus sera d’ailleurs suivi pour le chantier du débarcadère de l’aéroport qui est jugé désuet et à reconstruire. C’est ainsi à de multiples égards qu’ADM se situe à la fois dans une croissance d’entreprise dite « portée » - l’entreprise croît parce que le marché sur lequel elle est située connaît une forte croissance, mais aussi « intensive » - l’entreprise croît plus vite que ses concurrents, elle accroît sa part de marché dans son industrie.

Finalement, même si de nombreux enjeux inhérents à la gestion d’un aéroport international demeurent (gestion du bruit, cohabitation dans son milieu, développement de nouvelles routes comme vers l’Amérique du Sud etc.), M. Rainville reste très optimiste. « Montréal a toujours eu une place particulière dans le transport aérien. Après tout, c’est ici que se trouve le siège de l’OACI depuis 1947. Et depuis quelques années, on perçoit un nouvel essor économique, qui se traduit par une hausse de la fréquence des vols. Nous souhaitons continuer d’être un moteur important de l’attractivité et du développement économique de la ville». Gageons que les prochaines décennies seront capitales dans l’affirmation de l’aéroport Montréal-Trudeau comme principal hub d’Amérique du Nord.