Les compagnies d'aviation à bas prix s'attaquent aux vols long-courriers! Révolution en vue?

L'idée d'un vol Montréal-Paris, soit environ six heures, passé à bord d'un aéronef d'une ligne aérienne à bas prix peut sembler saugrenue... Quand on connaît l'offre minimale de ces entreprises, dont la principale promesse est de vous transporter de A à B au coût le plus bas possible, ces six heures peuvent paraître bien longues une fois dans les cieux. Et pourtant, il semble bien exister une demande pour un tel service, s'il faut en croire la création et l'exploitation récentes de ces lignes aériennes au rabais, et qui se font fort de vous transporter outre-mer pour pas cher!

Le low-cost a la cote!

L'exploitation d'une ligne aérienne rentable demeure, d'un point de vue budgétaire, un défi constant, et on peut se demander comment ces nouveaux entrants pourront tirer leur épingle du jeu dans ce domaine d'affaires hautement concurrentiel. Et pourtant, cela n'aura pas empêché de petites entreprises, tout comme les géants du ciel au demeurant, de tenter le coup. La pionnière dans ce nouveau créneau, Norwegian, qui avait lancé le bal en 2013, a fait fureur l'an dernier avec son offre d'un aller simple de Paris vers les États-Unis pour la somme de 179€ €. « En six mois, nous avons transporté 88 000 passagers sur nos vols transatlantiques au départ de Roissy, avec 97% de remplissage », résumait avec allégresse l'un des dirigeants du transporteur norvégien à ce sujet. Et rebelote: Norwegian offrira dès l'été prochain des envolées à partir de l'Irlande et de la Grande-Bretagne vers certaines destinations américaines de la façade atlantique pour seulement... 69€ € en aller simple! À ce prix, on comprend évidemment que l'entreprise ne fournit que le siège et la ceinture de sécurité!

Flairant la bonne affaires, d'autres transporteurs se sont lancés dans ce segment prometteur, ou s'apprêtent à le faire. Déjà, les lignes françaises XL Airways et French Blue s'y sont positionnées, tandis que l'immense groupe International Airlines Group (IAG), né de la fusion de British Airways et d'Iberia, lancera également cet été Level, son transporteur de « vols long-courriers de nouvelle génération » (c'est l'appellation distinguée qu'il faut semble-t-il donner à cette nouvelle activité!), qui offrira par exemple des vols Barcelone-Los Angeles ou Oakland pour la somme dérisoire de 99€€. Air France-KLM prépare également son entrée dans le segment : surveillez la naissance de Boost, dans les mois à venir!

Comment font-ils?

Si de tels prix sont offerts sur ces vols long-courriers, c'est que les transporteurs aériens profitent d'un bon alignement des astres au sein de l'environnement général et du domaine d'affaires en particulier. L'abaissement des barrières à l'entrée, notamment financières, la dérèglementation des cieux et des marchés, et l'émergence d'une classe moyenne nombreuse au sein des pays émergeants : voilà autant de facteurs exogènes qui ont permis à ces lignes aériennes d'entrevoir une issue positive à l'équation low cost. D'autre part, les avancées technologiques auront également contribué à la mise en place d'une offre aussi incroyable pour les voyageurs. Les aéronefs moyen-courrier, surtout affectés aux liaisons continentales, sont aujourd'hui plus légers et moins gourmands, permettant ainsi de faire le saut d'un continent à l'autre. Pour le reste, les transporteurs continuent d'appliquer les paramètres de la formule low cost à leur nouvelle activité : coûts opérationnels réduits à leur plus simple expression, prix affichés ridiculement bas, suppléments exigés pour toutes les prestations dites exceptionnelles (nourriture, divertissement à bord, etc.), départs et arrivées à des aérodromes secondaires et, surtout, exploitation intensive des avions, ces derniers étant appelés à voler jusqu'à 18 heures par jour!

Les deux côtés de la médaille...

L'arrivée de ce nouveau service dans le domaine de l'aviation civile viendra sans contredit bouleverser le fragile équilibre qui y règne déjà. Certes, ces lignes aériennes permettront à plus de gens de voyager à peu de frais, ce dont tout client peut évidemment se réjouir. Mais la pression à la baisse sur les coûts, pression qui peut parfois devenir énorme sur les entreprises, pourrait, comme l'a fort bien relaté l'émission d'affaires publiques Frontline dans son reportage intitulé Flying Cheap, engendrer des conséquences fâcheuses, voire même catastrophiques. Ainsi va le capitalisme...