Quelques recommandations pour mieux percevoir le mensonge autour de soi...

Le mensonge est universel. Que celui qui n'a jamais menti lance la première pierre! Évidemment, nous savons tous qu'il y a des petits mensonges anodins, comme il y en a de gros qui ont des répercussions importantes. Tout comme il existe des contextes particuliers où le mensonge est banal, et d'autres où il peut y avoir des conséquences, notamment économiques et organisationnelles, d'ampleur. Les dirigeants de Volkswagen et les actionnaires de l'entreprise pourraient davantage vous en parler!

Le mensonge est vieux comme le monde, et la sphère du travail n'y échappe certainement pas, nous le savons tous!  Et à ce titre, certains gestionnaires, sans doute dotés d'un sixième sens hors du commun, ont plus de facilité à détecter les fausses affirmations, les demi-vérités, les omissions et toutes les autres manifestations qui constituent la grande famille du mensonge. Mais pour ceux qui n'auraient pas encore développé cette faculté, il existe certains signes qui, d'un point de vue scientifique, ne trompent pas.

L'effet Pinocchio

Dans la langue de Shakespeare, une expression veut qu'à l'égard du mensonge, « the body never lies ». Si en effet le langage corporel tend à révéler la présence d'un mensonge et à ainsi trahir son auteur, le langage verbal, quant à lui, pourrait bien mettre le gestionnaire sur la piste que quelque chose ne tourne pas rond dans ce qui est avancé par la personne devant lui. C'est la conclusion à laquelle en sont arrivés Lyn M. Van Swol, Michael T. Braun et Deepak Malhotra dans une étude¹ menée à propos de ce qu'il est convenu d'appeler « l'effet Pinocchio ». Dans le cadre d'une expérience où le sujet A devait remettre une somme d'argent connue de lui seul au sujet B, le sujet A était donc libre de dire la vérité à B à propos de la somme en question, d'omettre certains détails ou de carrément lui mentir, tout cela au cours d'une conversion de deux minutes entre les deux sujets.

Dans un premier temps, rassurons-nous quant au résultat global de cette expérience : 70 % des sujets A ont dit la vérité quant à la somme en jeu. Voilà qui peut nous réconcilier un tant soit peu avec le genre humain! Quant aux 30 % de menteurs, qu'il s'agisse de francs menteurs (si l'on peut s'exprimer ainsi!) ou de menteurs par omission, ceux-ci auraient été vendus à la fois par la qualité et la quantité de mots employés durant la conversation avec les sujets B. Ainsi, les chercheurs ont identifié le fait que les francs menteurs avaient tendance à utiliser beaucoup plus de mots que ceux qui avaient dit la vérité, sans doute, supposent les universitaires, afin de « noyer » le mensonge dans un flot de paroles, devant le scepticisme du sujet B. Voilà donc l'essence de l'effet Pinocchio : le nombre de mots s'accroît avec le mensonge! À l'inverse, ceux qui ont menti par omission devenaient davantage circonspects au cours de la conversation suivant la transaction.

D'autres comportements seraient aussi susceptibles de révéler l’'insidieuse présence du mensonge. Comme le signalent les chercheurs, les menteurs de l'expérience menée utilisaient davantage de jurons que les sujets honnêtes. Mentir, disent en substance les chercheurs, demanderait un tel effort mental qu'il deviendrait plus difficile pour le cerveau de maintenir la personne dans le cadre des normes sociales acceptables au chapitre du langage. Finalement, les menteurs auraient également une plus grande propension à construire des phrases complexes et à employer les pronoms de la troisième personne (du singulier ou du pluriel), question de se distancier davantage du mensonge qui est énoncé.

Gestionnaires, vous voilà donc mieux armés afin de détecter dans votre entourage le mensonge qui flotte dans l'air, en espérant qu'une telle chose ne soit pas monnaie courante dans votre entreprise ou votre organisation!


¹ Van Swol, L. M., Braun, M. T., & Malhotra, D. (2012). « Evidence for the Pinocchio effect: Linguistic differences between lies, deception by omissions, and truths ». Discourse Processes, 49(2), pp. 79-106.