Des changements qui importent. Voilà le thème de la sixième édition de TEDxHECMontréal qui s’est déroulée samedi 17 mars dernier à HEC Montréal.

Mais au juste, quels sont ces changements? Quels seront leurs impacts sur nos organisations, nos emplois, mais également nos vies en général ? Retour sur 3 d'entre eux.

Plaidoyer pour un changement de paradigme dans nos organisations

Jean-François Bertholet, professeur à HEC Montréal, défend l’idée d’organisations où il fait bon travailler. Qui rêve aujourd’hui d’un monde où l’homme est oppressé par son milieu de travail?  

Ces environnements dits « wall street » sont envahis d’homo economicus, des hommes dénoués d’altruisme qui recherchent avant tout le profit et ce de façon parfaitement rationnelle. Leur comportement déteint sur les autres employés qui vont à leur tour avoir des comportements nuisibles.

Dans de pareils environnements, souhaiter l’échec de ses collègues n’est que justice. Ce climat malsain va donc être la cause d’une multitude de troubles qui conduiront à l’épuisement d’une des ressources les plus précieuses : le capital humain. La méfiance, la faible productivité, les jeux de pouvoir y règnent en maître. Inutile d’expliquer l’impact économique de ce climat pernicieux.

Ces comportements individualistes de recherche du profit maximal sont parfaitement expliqués par les théories économiques classiques. Mais en parallèle, d’irréductibles récalcitrants existent : les altruistes. Ils pensent à autrui et à la communauté avant tout. C’est ce qu’on appelle la pronoïa. Une organisation où ils sont très présents aura tendance à être plus humaine. L’altruisme découle sur l’employé normal qui ne cherchera plus la vengeance ou l’échec des autres. Il sera ainsi heureux de donner son maximum pour servir l’organisation. L’impact sur les profits sera positif.

Alors comment créer un climat où les altruistes prospèrent? C’est en changeant le nom du jeu. Si au lieu de travailler dans une organisation « wall street », nous jouions au « jeu de la communauté », nous agirions différemment. Une organisation qui promeut cette valeur de l’entraide et de la communauté attirera des altruistes et modifiera l’état psychologique de ses employés qui mettront en avant l’intérêt du groupe. L’entreprise du 21e siècle ne sera plus individualiste.

Nos emplois face à la robotique : changer l’éducation pour s’adapter

Vincent Falk, photographe français, a abordé la question de l’intelligence artificielle et du remplacement de l’homme par la machine sous un regard bien différent de ce que l’on entend dans les médias. Puisque ce remplacement, cette automatisation, est inévitable, pourquoi lutter?

Tenter de battre l’ordinateur est une cause perdue. Pour gagner, il faut valoir plus que la machine. Comment? En pensant différemment de la machine. Ce n’est pas l’éducation traditionnelle qui nous l’enseignera. En abordant le sujet de la métacognition, soit la science de l’apprentissage, il nous guide au travers ses expériences personnelles qui aujourd’hui lui permettent de penser différemment du système éducatif.

En passant de la photographie, à l’entrepreneuriat, puis de la philanthropie à la construction, il a appris à réutiliser les ressources apprises avant. Il s’est construit une boîte à outils de compétences. La clef est de savoir réutiliser ces outils.Utiliser ces outils de façon flexible est une compétence que l’on n’enseigne pas suffisamment à l’école. Savoir apprendre à apprendre rapidement est le pilier de la réussite dans un monde en constante mouvance. C’est le seul moyen pour l’homme de se distinguer de la machine.

Il faut arrêter de promouvoir le conformisme dans l’éducation. Chaque individu devra  développer sa propre carte mentale de compétences et d’outils à réutiliser. Il faut donc diversifier les expériences, mettre en avant la différence, la créativité et la flexibilité.

Un équilibre qui s’inverse : le design thinking au profit des autres, et non de soi

Comment savoir si on a réussi sa vie? Une doctrine semble depuis toujours exister : la possession comme seule preuve de réussite. Or, en ce début d’une ère de changement sociétal, tout se bouleverse. L’idée de réussite doit elle aussi être revisitée.

Niels Billou, sommité du design thinking, nous livre sa vision d’un avenir où nous ne créerons plus pour nous rendre service à nous-mêmes. Monter un projet dans le seul but de socialement réussir commence à faire partie du passé. Qui plus est, c’est par un processus d’écoute empathique des besoins de l’autre et de co-création, que l’on résout un réel problème.

Changer son paradigme de la réussite individuelle pour la réussite collective nous apportera bien plus. C’est le reflet de notre temps : réellement contribuer à la société. Aider. Apporter un changement qui importe. Le seul moyen c’est d’écouter l’autre.

Le monde évolue plus vite qu’on n’aurait pu l’imaginer. En 18 ans, plus de choses ont changé que durant le siècle précédent. Demain nous devrons être préparés à un avenir différent. C’est pourquoi des organisations mettant l’accent sur la communauté, une éducation radicalement différente et une vision de la réussite pour la communauté seront des piliers pour nous adapter.