Advienne que pourra, les destins commerciaux des États-Unis et du Canada sont à jamais liés...

L'élection américaine aura donné lieu à toutes les envolées lyriques possibles au sujet des relations commerciales internationales entre les États-Unis et le reste du monde... Est-ce l'Oncle Sam et son président maintenant désigné déchireront tous les accords de libre-échange négociés à ce jour, et notamment l'Accord de libre-échange (ALÉNA) qui lie les États-Unis, le Canada et le Mexique? Difficile de prévoir l'imprévisible...

Des relations tissées serrées

L'occasion est sans doute belle de se remémorer avec quelques statistiques bien choisies toute l'importance de nos voisins américains pour la santé économique du Canada. À cet égard, rappelons que les États-Unis sont, et de loin, le principal partenaire commercial du pays. Comme le l'illustrent bien les deux graphiques ci-bas, ces derniers accueillent plus des trois-quarts de nos exportations et, de notre côté, un peu moins des deux-tiers des biens que nous importons proviennent des États-Unis. Import-ExportBref, l'importance de notre voisin dans nos échanges commerciaux est constante au fil des ans, et tend même à s'accroître petit à petit. De fait, la valeur absolue de nos exportations a fait un bond de 30 % entre 2010 et 2015, passant de 404 milliards à 525 milliards de dollars : la portion de ces dernières aboutissant aux États-Unis est quant à elle passée de 73,0 % à 75,5 %. Même constat également en ce qui a trait aux importations. Celles-ci ont fait un bond de 32 % pour la même période, et le pourcentage de ces importations en provenance des États-Unis est passée de 62,8 % à 66,2 %. Même si la dépendance avec nos voisins américains est évidente, ce qui peut être un bien comme un mal, rassurons-nous en signalant que la balance commerciale entre les deux pays joue en notre faveur. Nous vendons en effet davantage que nous n'achetons des Américains.

Des provinces plus dépendantes que d'autres?

Le degré de dépendance varie évidemment beaucoup d'un océan à l'autre. Ne serait-ce qu'au chapitre des exportations, le cœoeur industriel du Canada, l'Ontario, est immensément dépendant du partenaire commercial américain puisque près de la moitié des exportations totales canadiennes (43,3 %) ont comme point de départ notre province voisine. Et que dire des importations, où la dépendance ontarienne est encore plus marquée! Près des deux-tiers (63,8 %) des biens importés des États-Unis atterrissent en Ontario. ProvincesRappelons au passage que la population de l'Ontario ne compte que pour 38,5 % de l'ensemble canadien...

Fera, fera pas...

Avec la période d'incertitude qui s'ouvre à tous chapitres, la question demeure de savoir ce qu'il adviendra de ces données statistiques? La répudiation annoncée des accords de libre-échange signée ou discutés par les États-Unis viendra-t-elle changer la donne en matière de commerce international, et notamment de commerce transfrontalier? Difficile de statuer de manière certaine sur la chose. Toutefois, Peter G. Hall, vice-président et économiste en chef de Exportation et développement Canada (EDC), s'est voulu, dans son Propos de la semaine, rassurant, nous rappelant les réalités auxquelles sera inévitablement confronté le président désigné dès sa prise de possession du Bureau ovale, le 20 janvier prochain :

« Le Canada est la première destination des ventes pour plus de 35 États – principalement ceux dans le giron républicain. Cette activité commerciale avec le Canada soutient plus de 1,7 million d'emplois directs aux États-Unis. Par ailleurs, les sociétés canadiennes présentes aux États-Unis emploient directement plus de 600 000 Américains. Les chaînes d'approvisionnement de nos deux pays sont étroitement liées. C'est le cas dans le secteur automobile [au sein duquel l'Ontario est très présent] : pour chaque véhicule assemblé et expédié du Canada vers les États-Unis, la teneur américaine s'élève à 63 %. Un désengagement serait très perturbateur pour les États-Unis. Durant la période de perturbation, ce processus n'irait sans doute pas dans l'intérêt des consommateurs et chefs d'entreprise moyens américains. »

Espérons que le gros bon sens saura prévaloir...