En pleine deuxième vague de la pandémie, les employés confinés à la maison depuis mars dernier constatent que le télétravail s’enracine. Quels moyens utiliser pour qu’ils continuent à s’investir pleinement dans leur travail ?

Avec le temps et la distance, la motivation de plusieurs travailleurs s’effrite, ainsi que l’engagement envers leur entreprise. Les dirigeants s’inquiètent des effets que cela pourrait avoir sur la productivité de leur main-d’œuvre et cherchent des façons concrètes de remédier à la situation.

Heureusement, plusieurs mesures peuvent être mises en place. Les gestionnaires doivent toutefois comprendre les conditions essentielles qui influencent la motivation de leurs employés et de quelle manière ces conditions peuvent varier en situation de télétravail.

Bien que la motivation soit d’abord intrinsèque à chaque personne, une entreprise peut activer trois leviers pour nourrir la motivation de ses employés : l’autonomie, la contribution et le sentiment d’appartenance.

L’autonomie

Il n’y a rien de plus démotivant pour un employé que de sentir le souffle de son superviseur sur son cou. Dépendre constamment de l’approbation d’un autre pour progresser dans son travail ou pour prendre des décisions encourage la déresponsabilisation et nuit au moral.

Or, dans un contexte de télétravail, nombre de gestionnaires craignent de perdre le contrôle de la productivité de leur équipe à cause de la distance. Par conséquent, ils développent des pratiques nuisibles en surveillant plus étroitement que jamais leurs employés. Certains vérifient fréquemment si les travailleurs sont en ligne, s’ils répondent rapidement aux courriels ou s’ils sont disponibles pour une discussion impromptue. D’autres exigent même que la caméra de leur ordinateur reste allumée en tout temps pour démontrer hors de tout doute que l’employé se trouve devant son écran.


LIRE AUSSI : « Gare à la supervision abusive »


En télétravail, les paradigmes de gestion de la productivité doivent évoluer. Plus question de mesurer celle-ci sur la base des heures travaillées. Les gestionnaires doivent apprendre à évaluer la performance grâce aux résultats et à se doter de routines de contrôle qui laissent toute la place aux employés pour structurer et optimiser eux-mêmes leur journée de travail. Ils obtiendront ainsi un double avantage :

  • garder le contrôle de la productivité;
  • redonner aux télétravailleurs leur autonomie et la possibilité d’aménager leur journée de travail pour améliorer leur qualité de vie, notamment en profitant pleinement des heures de déplacement épargnées.

Rassembler (virtuellement) les gestionnaires pour échanger sur leurs défis de gestion à distance et offrir une formation d’appoint constitue aussi de bons moyens pour susciter des prises de conscience et ajuster les pratiques.

La contribution

Mettre à profit ses compétences et contribuer à un résultat important est essentiel pour nourrir la motivation de tout être humain. En télétravail, c’est tout aussi nécessaire, mais certains enjeux peuvent émerger avec le temps.

D’une part, avec la distance, un employé peut avoir l’impression de stagner dans son développement, ses interactions avec des experts étant limitées. Le nombre d’heures trop élevé de rencontres à l’efficacité douteuse freine aussi l’élan et la capacité de travailler de façon soutenue. Vous arrive-t-il d’avoir l’impression de participer à une longue réunion de 40 heures par semaine depuis que vous êtes en télétravail? Si c’est le cas, vous avez probablement l’impression de perdre votre temps.

D’autre part, l’atteinte des résultats est moins visible en télétravail. Pensez à l’effervescence qui émane d’une équipe qui termine un projet. En présence les uns des autres, le plaisir d’avoir atteint ensemble un résultat important devient palpable. Or, cette belle énergie contagieuse se transmet moins facilement dans un monde virtuel. Et les beaux projets se terminent souvent abruptement lorsque tout le monde travaille à distance, sans célébration ni reconnaissance.

Dépendamment du contexte dans lequel votre entreprise est plongée, différentes avenues devraient être considérées. Développer un système de parrainage afin de créer des occasions d’échanger avec des personnes d’expérience, profiter des subventions gouvernementales pour donner accès à plus de formations, revoir l’efficacité des réunions sont quelques-unes des pratiques gagnantes qui peuvent être mises en place. Encourager les moments de célébration lorsque des résultats importants sont atteints est également une bonne idée.

Le sentiment d’appartenance

Il va sans dire qu’une grande part de la motivation au travail passe par la qualité des relations qui se créent entre collègues. Bien des employés tolèrent un poste qu’ils ne trouvent plus stimulant en raison des amitiés et de la camaraderie qui s’y sont créées au fil du temps. Les bavardages autour d’une machine à café, les conversations de corridor, les quelques mots anodins échangés au début et à la fin des réunions, les lunches passés ensemble, tous ces petits moments permettent de renforcer le sentiment d’appartenir à une équipe.

Or, ces moments manquent crûment à plusieurs employés. En fait, le plus grand défi à relever en télétravail consiste à vaincre la solitude, qui s’aggrave grandement lorsque les mesures sanitaires obligent à rester confinés.

Heureusement, la technologie remédie, en partie, à cet enjeu. Utiliser la visioconférence avec la caméra activée permet d’ajouter le langage non verbal à une discussion, ce qui aide à mieux communiquer. Inviter les participants aux réunions à prendre quelques minutes pour échanger de façon informelle, encourager les rencontres improvisées, comme la participation à un café virtuel, sont autant de pratiques que les gestionnaires d’entreprise peuvent encourager.

Malgré les défis que cela comporte, les experts s’entendent pour dire que le télétravail prend racine. Plusieurs préjugés ont disparu avec l’expérimentation forcée par la pandémie. Les retombées économiques, sanitaires, environnementales sont alléchantes, en plus de contribuer à la qualité de vie des employés, qui découvrent comment en profiter pleinement.

Bien que la crise sanitaire apporte son lot d’enjeux qui rendent l’adaptation au télétravail difficile pour plusieurs, les gestionnaires ont l’opportunité d’apporter un peu de réconfort en ces temps inédits en réduisant certains effets au minimum.

 

Le télétravail, après la pandémie

Que restera-t-il du télétravail quand la crise de la COVID-19 sera derrière nous? Il suffit d’analyser les pratiques mises en place dans certaines entreprises innovantes pour constater qu’il y aura un astucieux mélange des genres. Les organisations qui ont choisi le télétravail depuis plusieurs années pour l’ensemble de leur main-d’œuvre – GitLab, Basecamp, Automattic – savent renforcer le sentiment d’appartenance en créant, quelques fois par année, des moments forts qui rassemblent physiquement les employés. Elles invitent par exemple tous leurs employés à participer pendant une semaine à des activités, parfois professionnelles, parfois ludiques, afin de renforcer la complicité et la confiance.

D’autres entreprises prévoient des espaces de coworking – qui permettent aux travailleurs de se rencontrer sur une base régulière –, proposent des budgets de déplacement afin de faciliter les rencontres entre employés d’une même région, etc. Les organisations utilisent des locaux physiques en complément à l’espace virtuel du télétravail, plutôt que l’inverse.