Article publié dans l'édition Printemps 2013 de Gestion

À l’automne 1983, alors qu’il était champion cycliste, Louis Garneau, appuyé par son épouse Monique Arsenault, entreprend dans le garage familial la confection de ses premiers cuissards de vélo. L’année suivante, après avoir participé aux Jeux olympiques de Los Angeles, il décide de quitter la compétition pour se concentrer exclusivement sur son entreprise. La vente de ses vêtements connaît rapidement du succès et débouche sur l’entreprise que nous connaissons aujourd’hui.

Louis Garneau Sports comprend actuellement 6 usines réparties dans le monde, emploie quelque 425 employés, vend plus de 1 500 produits différents dans 40 pays, joue un rôle de chef de file en matière d’innovations dans le domaine des vêtements et accessoires sportifs et se situe au 58e rang des entreprises les plus admirées au Québec selon le journal Les Affaires1.


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Depuis les tout débuts, Louis Garneau gère son entreprise de la même façon qu’il a géré sa carrière dans le cyclisme. De son propre aveu, son style de gestion s’appuie sur des principes issus de son expérience sportive. Au vu de son succès et du plaisir qui anime cet homme, il est intéressant de prêter attention à son histoire et aux fondements de sa pratique.

L’histoire de Louis Garneau

Les histoires personnelles permettent de mieux comprendre les origines et les racines qui forgent l’approche de gestion et le leadership des entrepreneurs. Voici celle de Louis Garneau.

Les premières années

Louis Garneau est né le 9 août 1958 à Québec dans une famille catholique et pratiquante, menée par des parents aimants et respectueux des traditions. Il se souvient d’un foyer où il s’est senti en sécurité. Ce sentiment de sécurité s’avère une des racines de sa solidité affective, de sa capacité de foncer, de prendre des risques, d’oser et d’innover, ce qui décrit son style de gestion et sa personnalité. Pour Louis Garneau, ce modèle familial conditionne les valeurs devant guider sa vie, soit l’amour du travail bien fait, la générosité, la discipline et l’honnêteté.

« Mes parents ont élevé leur famille en faisant des sacrifices, en mettant de l’argent de côté, en payant leur bungalow et en nous envoyant à l’école privée, ma sœur aînée et moi. Et quand j’arrivais chez nous, il y avait une mère à la maison. Je crois que c’est puissant, pour un enfant, cette affection, cette sécurité familiale2. »

Il décrit sa mère comme une femme douce, aimante, dotée d’une extraordinaire volonté, compétitive et capable de pousser son fils au-delà de ses limites.

« Sans vraiment dire quoi que ce soit de particulier, ma mère me poussait à la performance. On le sentait à son regard. Par exemple, après une course où j’étais arrivé septième, elle disait : "Pourquoi n’es-tu pas dans les trois premiers?" Ce n’était pas une réprimande… mais je sentais que ça l’agaçait. Elle n’a jamais fait de sport, mais elle aimait les résultats !»

Sa mère lui a également appris à ne jamais abandonner. « Ma mère me disait qu’à moins qu’une situation ne soit vraiment problématique il ne faut jamais abandonner. Elle disait : "Une fois que tu as eu le courage de traverser une situation difficile, tu sais que la prochaine fois, tu seras capable." Et c’est ce que j’ai fait. À l’exception d’une course où j’étais blessé et où l’entraîneur m’a dit que c’était fini, je ne me souviens pas d’avoir déjà abandonné.»

Le jeune Louis trouve dans cette dynamique la volonté et le désir d’avoir de bonnes performances et de gagner. Il s’agit d’un élément important ayant contribué à son développement et à l’émergence de son côté bagarreur et compétitif.

Quant à son père, Paul Garneau, policier de métier, il incarne aux yeux de son fils l’honnêteté et la bonté. À plus de 85 ans, il continue de le soutenir en travaillant avec lui dans son entreprise comme responsable de la livraison. « Il surveille l’usine, il est là sept jours par semaine, il est utile. Ici, on l’appelle l’Ange gardien», explique-t-il avec un sourire tendre.

Le cyclisme a également joué un rôle déterminant dans le développement de la personnalité de Louis Garneau. C’est le vélo et les compétitions qui lui ont permis de développer son sens de l’effort et de la privation, des éléments essentiels à sa réussite. « Ma mère était tellement gentille, la maison familiale était tellement confortable. Le vélo a été une cassure, et une chance que je suis passé par là !»

Le vélo comme école de vie

« Au début, je n’étais pas bon!» Voilà comment se décrit l’ancien champion lorsqu’il parle de ses débuts dans le monde cycliste. Malgré des prédispositions physiologiques imparfaites, son acharnement lui a permis de gravir les échelons. En 1974, il goûte à la joie de monter sur la plus haute marche du podium en gagnant sa première course. En 1976, il remporte presque toutes les courses au Québec. À cette époque, il reçoit le titre d’athlète de l’année pour la première fois, titre qu’il conservera au cours des sept années suivantes. Durant cette période où il ne vit que pour le vélo, Louis Garneau est soutenu inconditionnellement par ses parents, qui le suivent partout, ne ratant aucune compétition.

Le reste de l’aventure est connu : Louis Garneau sillonne le monde à vélo à la conquête de médailles. En 13 saisons, il a remporté près de 150 victoires… et essuyé près de 500 défaites, insiste-t-il en riant. Il cessera la compétition en 1984, après les Jeux olympiques de Los Angeles. Il est alors âgé de 25 ans et est devenu, selon sa description, un véritable guerrier.

Jean-Yves Labonté, mon entraîneur en 1971, m’a enseigné qu’il fallait gagner. Quand tu entreprends quelque chose, tu ne le fais pas pour arriver 17e. Tu le fais pour gagner. Tu te rappelles les stratégies : être persévérant, être stratégique, résister au stress, avoir une vision et une volonté plus grandes que celles des autres. Et surtout, ne jamais abandonner. Je n’ai pas honte de le dire : j’ai toujours visé la tête et, encore aujourd’hui, je la vise tout le temps. »

Motivation et autodétermination, le moteur du succès

Qu’est-ce qui peut bien pousser l’athlète d’élite, tout comme l’entrepreneur, jour après jour, malgré les difficultés et les épreuves, à persévérer ? La motivation et l’autodétermination jouent un rôle central dans la compréhension de cette persévérance. C’est d’ailleurs une des caractéristiques qui définit le mieux Louis Garneau. Il s’agit en quelque sorte du moteur menant au dépassement de soi, à la recherche de l’excellence et ultimement à la réussite. Sans ce moteur, la performance n’est pas possible.

Le concept d’autodétermination est particulièrement utile pour comprendre les dynamiques qui interviennent. L’autodétermination peut être définie comme l’aptitude d’une personne à agir sur sa vie en effectuant librement des choix qui ne sont pas influencés par des agents externes indus3. Selon ce modèle, ces choix effectués librement répondent à des besoins personnels, principalement à un besoin d’autonomie.

Quand une personne est autonome dans ses choix, elle voit ses comportements comme une expression de soi4. Cela lui procure une sensation de bien-être, puisqu’elle agit en raison de son intérêt pour l’activité ou en vertu des valeurs auxquelles elle adhère. La réponse à des besoins personnels, surtout un besoin d’autonomie, est donc à l’origine du sentiment d’autodétermination des personnes.

Il existe différents types de motivation expliquant cette autodétermination. Pour simplifier, le modèle des quatre « F» de la motivation5 propose quatre sources de motivation : le Fun, le Fric, la Fierté et la Foi. Ces besoins peuvent être placés sur un continuum « motivation extrinsèque – motivation intrinsèque » (voir le schéma 1). Ainsi, plus l’activité est liée à une motivation intrinsèque, plus le niveau d’autodétermination sera grand.

La motivation intrinsèque, représentée par le Fun, fait référence à des comportements stimulés par la satisfaction que procure le comportement en soi. Autrement dit, il s’agit de comportements adoptés pour le plaisir de pratiquer l’activité. À l’opposé sur le continuum, la motivation extrinsèque, représentée par le Fric, fait référence à des comportements motivés par des éléments extérieurs à la personne, comme les récompenses matérielles et les punitions (souvent le salaire et les primes en milieu de travail, d’où le terme « fric »).

Entre ces deux pôles se trouve la motivation introjectée, représentée par la Fierté, et la motivation identifiée, représentée par la Foi. La motivation introjectée, soit la Fierté, n’est pas très éloignée de la motivation extrinsèque dans la mesure où ce sont les mêmes pressions externes qui motivent l’individu.

Cependant, ici, le comportement est provoqué par des incitations et des pressions internes telles que le sentiment de culpabilité, des menaces à l’estime de soi ou, au contraire, par une valorisation de l’ego. Ainsi, la personne est motivée par la fierté que suscite en elle la réalisation de l’activité. À titre d’exemple, une personne disant pratiquer une activité sportive « parce qu’il faut absolument faire du sport si l’on veut être en forme » témoigne d’une telle motivation.

Finalement, la motivation identifiée, soit la Foi, fait référence à des comportements qui se rapprochent de la motivation intrinsèque. Ici, la personne éprouve de l’intérêt pour l’activité. Non seulement elle en est valorisée, mais elle trouve important de la pratiquer. Elle a foi en l’importance de cette activité et fait librement le choix de l’adopter, sans pour autant retirer du plaisir durant sa réalisation. Le comportement est déclenché, car la personne estime qu’il correspond à quelque chose d’important et de valable pour elle. Ainsi, une personne dira pratiquer une activité sportive « parce que c’est un bon moyen pour apprendre beaucoup de choses qui peuvent être utiles dans d’autres domaines de la vie ».

Des études démontrent que plus la motivation de l’athlète se situe sur le plan de la motivation intrinsèque, plus la performance de celui-ci sera grande6. Également, la motivation intrinsèque (Fun) et la motivation identifiée (Foi) engendrent généralement des conséquences positives aux points de vue psychologique, physique, comportemental et économique, tandis que la motivation introjectée (Fierté) et la motivation extrinsèque (Fric) entraînent d’habitude des conséquences mitigées ou négatives à ces différents points de vue.

Dans le même ordre d’idées, il peut être intéressant de porter un regard sur les éléments motivant Louis Garneau. Son amour pour le vélo est sans contredit au cœur de cette motivation. Encore aujourd’hui, il pratique le vélo et cherche constamment à parfaire chacun des produits qu’il commercialise : « Je teste toujours les produits. Je teste les vélos, les cuissards, les gilets, les casques, les souliers… Si c’est bon pour moi, c’est bon pour tout le monde. »

Le plaisir que lui apporte le vélo est un facteur déterminant et qui explique certainement le choix de l’industrie dans laquelle il œuvre. C’est ce plaisir et cet intérêt pour le cyclisme qui l’amènent à constamment innover, à prendre des risques et à investir le temps et les énergies nécessaires. C’est le vélo qui le motive, et non l’argent.

« Faire de l’argent pour continuer à allumer l’entrepreneur, c’est la première chose que j’ai apprise en affaires. Il y en a qui font de l’argent pour devenir riches, s’acheter des Ferrari, moi, ce n’est pas ça qui m’anime. L’entrepreneur cherche à créer, à réaliser, à accomplir. Quand j’arrive au bureau le matin, je vais voir tout le monde. Il y a ma gang qui arrive de la Chine, je m’informe de la façon dont ça s’est passé. Je continue ma tournée : est-ce que le nouveau casque est bientôt prêt ? Et le nouveau vélo ? J’ai hâte de les essayer.

Il y a trois semaines, on est allés au Colorado, j’ai essayé le vélo le plus rapide et le casque le plus aérodynamique du monde : ça, ça m’allume plus que n’importe quoi ! L’entrepreneur, le vrai entrepreneur, son objectif n’est pas d’être riche. Quand tu travailles bien, l’argent va arriver. »

Comme nous venons de le voir, le moteur motivationnel de Louis Garneau s’approche davantage du pôle de la motivation intrinsèque. Cette source de motivation permet de mieux comprendre la détermination qu’il ressent et toutes les énergies qu’il y investit, sa persévérance et la satisfaction qu’il retire de ses réalisations.

Il y a là certainement un message important à retenir pour tout entrepreneur qui souhaite accroître sa performance. Comme dans le cas des athlètes, la réussite et la performance seront plus grandes si la détermination de l’entrepreneur s’appuie sur une motivation intrinsèque, qui procure du plaisir et qui est cohérente avec ses champs d’intérêt. Tout entrepreneur souhaitant réaliser son plein potentiel devrait donc être en mesure de répondre à cette question : « Quelles sont les motivations réelles qui me poussent à vouloir fonder une entreprise, à vouloir être entrepreneur dans un secteur en particulier ? » La compréhension de ses propres moteurs motivationnels permet ainsi de faire des choix davantage éclairés qui faciliteront l’émergence de conditions favorables à la réussite en affaires.

Nourrir ses passions

La passion est sans équivoque un des éléments expliquant les succès de Louis Garneau. Voyons comment cette passion peut contribuer au succès de l’athlète et de l’entrepreneur.

Les études conduites dans le milieu sportif démontrent l’importance de la passion afin d’expliquer la performance des athlètes7. La passion qui habite la personne est en quelque sorte une forme de motivation intrinsèque qui pousse l’athlète à consacrer davantage d’efforts et à déployer un plus grand niveau d’engagement afin d’atteindre l’excellence8.

La passion consiste dans l’inclination affective d’une personne pour une activité qu’elle aime, qu’elle trouve importante et dans laquelle elle investit temps et énergies. Cette activité peut avoir pour effet de définir la personne. Toutefois, contrairement à une croyance populaire, la passion n’est pas toujours une source positive de motivation9 et elle n’est pas toujours en harmonie avec la personne. En effet, des recherches montrent qu’il existe deux types de passion, à savoir la passion harmonieuse et la passion obsessive10, et que toutes deux mènent à une meilleure performance des personnes11, mais que les émotions qu’elles procurent diffèrent.

La passion harmonieuse résulte d’une internalisation autonome qui fait en sorte qu’une personne reste capable de se contrôler vis-à-vis de la réalisation des tâches et de vivre l’activité comme une source de plaisir contribuant à son bien-être. De son côté, la passion obsessive provient d’une internalisation contrôlée qui trouve son origine soit dans des pressions internes (comme l’estime de soi), soit dans des pressions interpersonnelles ou contextuelles (comme l’acceptation sociale), ou encore dans l’excitation incontrôlable que procure la réalisation de l’activité. Ici, la passion obsessive prend le dessus sur la personne et l’amène à ressentir des émotions négatives découlant de son sentiment de dépendance psychologique et de son incapacité de se maîtriser.

Comme les passions trouvent leur origine dans le développement de la personnalité12, il est intéressant d’étudier celles de Louis Garneau. Une de ses passions, les affaires, trouve effectivement racine dans son enfance. À 10 ans, déjà, il possédait sa « route » de journaux qu’il vendait le dimanche matin, derrière l’église. À 12 ans, lorsqu’il a commencé à faire de la course cycliste, il se faisait remplacer par un copain et prélevait un pourcentage sur les journaux vendus, s’initiant ainsi aux affaires et au principe de la franchise. Une autre de ses passions, le vélo, trouve également racine dans ses premières années de vie. Il nous raconte un souvenir au sujet d’une bicyclette qu’il a reçue de son père à l’âge de trois ans.

« Je me souviens très bien de la première journée où je suis parti sur mon vélo, mon père retenant mon siège pour que je puisse garder mon équilibre. "Est-ce que tu me tiens ?" dis-je à mon père au moment où je descends, craintif, la côte du Carré Bon Accueil, près de chez moi. "Oui, oui, je te tiens !" me répond-il d’un ton rassurant. Je me retourne et, stupeur, je m’aperçois que je suis seul au guidon ! Cette sensation de partir et de rouler seul, cette sensation de liberté, je l’ai encore dans les tripes comme si c’était hier ! »

Le fait qu’il décrive avec autant d’émotions et de détails cet événement vécu il y a plus de 50 ans, qu’il se souvienne aussi bien des sensations qu’il a vécues à cet âge indique qu’il s’agit d’un moment empreint d’une charge émotionnelle importante qui a marqué son développement. On peut y voir la découverte du sentiment de liberté. Le vélo est devenu en quelque sorte le symbole de cette liberté et le moyen de la vivre. On y reconnaît les racines de cette passion harmonieuse qui l’habite toujours.

On comprend ainsi son choix, à l’âge de 10 ans, d’acheter avec ses économies une bicyclette « dix-vitesses », son empressement à entreprendre les courses deux semaines plus tard et son entêtement à continuer malgré des débuts difficiles. De toute évidence, bien que le cyclisme soit une passion harmonieuse, la compétition, elle, semble davantage obsessive, du moins au commencement.

« Sous la pluie, vêtu d’un simple jeans et d’une veste de nylon, je me joins aux coureurs qui participent à une épreuve. Je fais la course et j’éprouve une certaine satisfaction à ne pas terminer dernier, mais… avant-dernier. À la fin de la course, Jean-Yves Labonté, alors entraîneur de nombreux cyclistes de la région de Québec, nous invite, mes amis et moi, à participer à un certain nombre de compétitions. Je me rappelle mes premières expériences de cycliste : je suis loin d’être le meilleur du groupe. Mes débuts dans le vélo ne sont pas marqués du signe d’une grande passion ! Les compétitions me demandent beaucoup trop d’efforts et me font terriblement souffrir. De plus, en tant qu’adolescent, inaccoutumé aux vertus de l’effort, je ne vois aucun plaisir à me défoncer, j’ai mal au ventre, des points dans le dos, je veux mourir, mon visage est écarlate et, pour ajouter au martyre, ma condition physique laisse à désirer. »

Malgré cette souffrance et l’absence de plaisir à faire de la compétition, Louis Garneau persévère, un peu malgré lui. « C’était plus fort que moi », dit-il, signe d’une passion obsessive. On peut se poser la question suivante : comment en est-il venu à accepter cette souffrance ? Étant donné tous les efforts et les sacrifices qu’il faut faire pour devenir un athlète d’élite, tout comme pour créer une entreprise rentable, il est pertinent de mieux comprendre de quelle façon on y arrive.

Apprendre l’effort et les sacrifices

Louis Garneau dit avoir appris à devenir ce guerrier, ce compétiteur d’exception, cet homme déterminé qui n’abandonne jamais et qui cherche à conquérir le monde, cet homme capable de mettre les efforts nécessaires et de souffrir pour parvenir à gagner. Tout comme dans le sport, il dit avoir appris à devenir un « champion des affaires ». Les efforts, les sacrifices, la souffrance issue des moments ardus que vit tout entrepreneur sont beaucoup plus faciles à affronter lorsqu’il est bien préparé à y faire face.

« On ne devient pas le meilleur entrepreneur du jour au lendemain», dit-il. Avoir déjà vécu des situations propices à l’apprentissage des affaires telles que d’avoir relevé des défis, affronté des moments pénibles et surmonté des épreuves, connu des succès, est sans aucun doute une préparation comparable aux nombreuses heures d’entraînement consacrées par l’athlète à sa préparation. Il serait donc possible d’apprendre à faire des efforts et des sacrifices.

À ce sujet, des recherches indiquent qu’il faut environ 10 000 heures de travail afin d’atteindre le niveau de l’expert dans la réalisation d’une tâche sportive13. On peut croire qu’il en est de même pour l’entrepreneur. Tout comme l’athlète, l’entrepreneur doit s’exercer afin d’apprendre à développer de bons réflexes d’affaires, à saisir les occasions qui se présentent, à consentir les efforts nécessaires, à investir ses énergies aux bons endroits, à faire les sacrifices indispensables avant d’atteindre le niveau d’excellence recherché.

Et tout comme l’athlète, l’entrepreneur est susceptible de faire davantage d’erreurs et d’être plus inconstant à ses débuts. Avec l’expérience, il devient possible d’intérioriser les habiletés nécessaires jusqu’à l’automatisation de celles-ci. Dans cette optique, une technique couramment employée dans le milieu sportif, technique qui a également aidé Louis Garneau dans son apprentissage, peut être adoptée par tout entrepreneur : le conditionnement mental.

Le conditionnement mental au service de l'entrepreneur

Le conditionnement mental est une technique éprouvée qu’utilisent les athlètes afin d’améliorer leurs performances sportives14. Essentiellement, cette technique permet à l’athlète de renforcer le contrôle de ses émotions et la maîtrise de ses comportements. L’exemple de Tiger Woods est éloquent. Earl Woods, le père de Tiger, décide que son fils deviendra un joueur de golf hors pair.

Dès les premières semaines de vie de son fils, et durant toute son enfance, Earl Woods cherche à développer chez son fils certaines capacités essentielles aux golfeurs. Il n’hésite pas à utiliser des techniques de conditionnement mental telles que l’écoute de cassettes subliminales, des séances d’hypnose et une formation militaire où tout est passé en revue, de la psychologie de l’intimidation au contrôle émotionnel. Combinées avec un entraînement physique rigoureux, ces techniques ont permis l’éclosion de cette « véritable machine à gagner ».

Le conditionnement mental permet aux athlètes d’apprendre à mieux gérer le stress, le processus décisionnel, les comportements, la concentration, la capacité de travail et la motivation15. Puisque ces éléments sont également des enjeux pour l’entrepreneur, on peut y voir un outil de développement du potentiel entrepreneurial des individus. Louis Garneau raconte à quel point le conditionnement mental lui a permis de s’endurcir, de déployer des efforts, de faire des sacrifices et surtout de ne jamais abandonner.

« Il y a un prix à payer pour être entrepreneur. Il faut apprendre la privation. Les débuts ne sont pas une sinécure! On en a bavé durant les premières années. Pour répondre à la demande croissante, les machines devaient tourner 24 heures sur 24. Monique et moi avons trimé dur avant de connaître le succès. Nous avons bâti cette entreprise à bout de bras. Pendant les cinq premières années, nous avons vécu sur le salaire d’infirmière de Monique qui, après sa journée à l’atelier, s’en allait travailler à la clinique médicale.

Bien sûr, ça peut être excitant de démarrer une entreprise, mais l’entrepreneur est comme un coureur cycliste : il en a bavé à faire des kilomètres et des kilomètres avant de gagner la compétition. Moi, j’ai appris à souffrir avec le vélo. Demandez à un cycliste, lorsqu’il gagne une grande course, combien d’échecs il y a derrière le succès !

Mon modèle d’affaires s’est basé sur la pratique cycliste. Une chance que j’ai eu le vélo ! Ça m’a formé comme guerrier. Cet apprentissage m’a beaucoup aidé dans mon entre- prise, à accepter la privation nécessaire pour y arriver. Heureusement, à un moment donné, tu lèves la tête, et tu vois les années que tu as traversées. Comment est-ce que j’ai fait ?… C’est le conditionnement mental qui m’a permis de passer par là. »

L’expérience de Louis Garneau indique qu’il est possible de développer, dans une certaine mesure, des éléments indispensables à la réussite, tels l’effort et les sacrifices. Il semble même que cela puisse mener à la passion. C’est le cas du goût de la compétition. Certes, cette passion était davantage obsessive au début. Cependant, la compétition lui procure aujourd’hui du plaisir, ce qui amène à dire que cette passion obsessive s’est transformée pour devenir une passion harmonieuse au fil des années. Précisons toutefois que cela a été rendu possible par la présence de passions harmonieuses qui coexistaient, soit le vélo et les affaires. Sans la motivation intrinsèque générée par ces passions connexes, la passion pour la compétition n’aurait probablement pas pu apparaître.

Gérer à la manière d’une compétition sportive

Bien qu’une personne soit pourvue d’une motivation intrinsèque, d’une passion et d’un apprentissage adéquat, elle doit encore livrer les résultats au moment opportun. À ce sujet, la théorie de l’activation peut apporter un éclairage intéressant. L’activation désigne le degré d’activité de l’organisme à un moment précis qui dépend de facteurs situationnels comme la tâche réalisée, l’enjeu de la compétition, l’incertitude du résultat, le risque corporel, la privation de sommeil, la température et le bruit. La pression liée à la réalisation d’une tâche entraînera un accroissement de l’activation.

Inversement, le temps passé à la réalisation d’une tâche tend à générer de l’ennui, ce qui est de nature à réduire le niveau d’activation. Selon cette théorie, la performance de l’athlète est fonction de l’atteinte du niveau d’activation optimal au moment souhaité. Un niveau d’activation trop bas est lié à des affects négatifs qui contribuent à réduire le degré d’engagement et d’attention de l’athlète, alors qu’un niveau d’activation trop élevé déclenche de l’anxiété et du stress chez l’athlète, ce qui a pour effet de réduire sa performance16. Ainsi, l’enjeu pour l’athlète est d’atteindre le niveau d’activation adéquat qui lui permettra de maximiser sa performance. Cela dépend de sa capacité de gérer efficacement ses émotions.

À l’instar de l’athlète, l’entrepreneur doit livrer les résultats au moment opportun. Les émotions font également partie intégrante de la vie de l’entrepreneur. Ainsi, il y a des moments d’euphorie où tout va bien, où l’entreprise vit de grands succès et où l’on se sent invincible. À l’inverse, il y a des moments difficiles où l’anxiété et l’angoisse dominent. Par exemple, on éprouve la peur de faire faillite, l’angoisse de ne pas réussir un projet, la crainte de prendre de mauvaises décisions. Comme l’athlète, l’entrepreneur doit bien gérer ses émotions afin d’atteindre le niveau d’activation optimal; les émotions doivent être un atout menant à la performance et au succès, et non un obstacle susceptible de causer l’échec.

Inspiré par son expérience de cycliste, Louis Garneau a adopté certaines pratiques lui permettant de mieux gérer ses émotions.

Tant l’athlète que le gestionnaire doivent gérer la peur

La peur est une émotion ressentie en présence d’un danger ou d’une menace. Elle est vécue régulièrement par les personnes qui affrontent des situations risquées, tels les athlètes et les entrepreneurs. Malgré son tempérament, Louis Garneau nous dit avoir vécu des peurs authentiques.

« Il y a eu des périodes extrêmement traumatisantes. Des périodes où tu n’avances pas, tu n’es pas capable de retrouver la forme. Tu t’enfonces dans des tunnels, tu ressens une léthargie : la peur de ne pas faire l’équipe, la peur de ne pas réussir la sélection, la peur de ne pas aller aux Olympiques, la peur de ne pas réussir… Ça me suit, encore aujourd’hui : la peur de faire faillite, la peur de ne pas faire de bénéfices, la peur de me retrouver dans les journaux et de perdre mon image. »

Louis Garneau explique qu’il a appris à vivre avec cette peur en apprenant à la contrôler. « Il serait malhonnête de l’occulter; un entrepreneur qui n’en est pas conscient, qui nie ses peurs et ne voit pas les dangers heurtera inévitablement un mur », affirme-t-il. Selon lui, le risque pour tout entrepreneur, c’est de se croire invincible.

« Face à la peur, j’ai développé un instinct de survie que j’ai acquis en tant que cycliste. Je me suis déjà assommé sur l’asphalte à cause d’une chute en vélo. Mais après, je me suis dit : plus jamais je ne m’assommerai. J’ai programmé mon cerveau pour qu’il soit plus prudent, pour qu’il me protège. Oui, je suis tombé de nouveau, mais quand je voyais quelqu’un fatigué en avant de moi, je faisais attention. Je n’allais pas sur le bord du précipice, je ne choisissais pas la place la plus dangereuse. Quand arrivent les descentes, tu vas en avant, tu ne restes pas le dernier en arrière ou dans le milieu où il y a plein de monde : parce que lorsqu’il y en a un qui échappe sa bouteille et essaie de l’attraper, il fait tomber 30 gars en passant. Quand tu deviens entrepreneur, et que tu as mangé de bonnes claques, tu n’as pas le goût de revivre ces moments, tu trouves des moyens pour éviter de les vivre encore. J’ai donc appris à contrôler mes peurs en étant plus prudent, plus prévoyant et, surtout, en acceptant qu’elles existent. »

Autant sur le plan de sa vie privée et que sur celui de son entreprise, Louis Garneau a choisi d’adopter des comportements qui minimisent les risques et sa peur. Pour cela, il est primordial pour lui d’avoir une conduite irréprochable.

« Je me suis créé un code de gouvernance personnel et professionnel. Je sais que je ne suis pas invincible et qu’une simple gaffe peut me suivre. Toute atteinte à ma réputation peut ternir mon entreprise. Mais j’ai été à la bonne école. J’ai eu des parents aux comportements exemplaires et le sport m’a forgé une bonne discipline. Je me suis beaucoup intéressé à la religion catholique. On y enseigne aux gens un code de conduite. »

Tant l’athlète que le gestionnaire doivent récupérer

Les recherches indiquent que la récupération après un effort physique ou psychologique est indispensable pour prévenir la détérioration des émotions positives et de la performance à long terme17, et qu’elle est liée au bien-être, le manque de récupération augmentant les probabilités de dépression associée au travail18. Ainsi, pour s’adapter aux tensions engendrées par la quête des performances, il est essentiel de trouver certaines zones d’équilibre et de ressourcement afin de récupérer.

Cet élément s’avère important pour Louis Garneau. Sa famille et son épouse l’aident à récupérer. Là est son havre de paix, ce lieu où il récupère ses forces et trouve la sérénité nécessaire à son tempérament hyperactif. Il s’agit de l’endroit où il refait le plein d’énergie qui lui permet de gérer efficacement ses émotions.

« Relaxer est important, sinon tu deviens fou. Un gars comme moi ne pourrait pas garder l’équilibre, il ferait une dépression ! Il faut trouver un côté plus soft. J’ai une famille aimante, une blonde que j’aime beaucoup. Quand je rentre à la maison, je trouve un univers de paix. »

Il confie que son épouse est son parfait complément. Elle n’est ni hyperactive ni déterminée à être toujours la première comme lui. Elle est avant tout calme, compréhensive et généreuse. Avec sagesse et patience, elle connaît l’art de dédramatiser et sait écouter ses torrents d’idées.

« Mes plus grandes réflexions, je les ai souvent avec ma blonde. Elle a une écoute extraordinaire. Quand tu vis avec un hyperactif qui achète des usines, en ouvre une autre au Mexique et puis une autre en France, se casse la gueule de temps en temps, ça prend ça ! »

Tant l’athlète que le gestionnaire doivent visualiser et fixer des objectifs de performance

La visualisation et la fixation d’objectifs sont des techniques utilisées par de nombreux athlètes de haut niveau pour améliorer leur performance19 et même faciliter la guérison d’une blessure20. En effet, ces techniques orientent les efforts à fournir, offrent un plus grand sentiment de contrôle, permettent d’obtenir une rétroaction plus ciblée et favorisent l’adoption de stratégies de développement originales et mieux adaptées21.

Louis Garneau utilise les techniques issues du monde sportif dans la gestion de son entreprise. Il indique qu’il s’est fixé des buts clairs et qu’il a développé une vision précise de l’avenir de son entreprise tout au long de sa croissance. Bien en vue dans le hall de l’usine de Saint-Augustin, on trouve cette vision : « On a décidé de conquérir le monde. »

« Dans 10 ans, Louis Garneau Sports, ça va être gros. Ce sera toujours une entreprise privée, les enfants seront probablement rentrés, la base sera bien établie. La base, c’est de continuer à créer des produits innovateurs de grande qualité, d’avoir une équipe mobilisée et de vendre à travers le monde.


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Et si les enfants n’ont pas le talent pour être président, je suis prêt à accepter ça. Mais ils auront un poste dans la direction, il faut qu’il y ait une suite ! Il est interdit de vendre cette entreprise à des étrangers de mon vivant ! J’ai toujours eu une vision plutôt précise d’où je voulais aller et des objectifs à atteindre pour y parvenir. »

Comme on le constate, dans sa vision, l’avenir de son entreprise passe par ses enfants. Il s’agit d’un but qu’il s’est fixé. « Comme athlète, il y a une période de performances, puis il y a le déclin. La chance d’une entreprise, c’est qu’elle peut compter sur la relève », dit-il. Selon lui, il est essentiel de connaître ses propres limites et, fort de ses succès et de la satisfaction d’une vie bien remplie, de savoir céder sa place aux autres. Déjà, il prépare le terrain pour la deuxième génération. « J’en fais un défi énorme ! Même si les statistiques sont contre nous. J’ai 70 % de possibilités d’échec, mais je joue avec le 30 % restant, et jusqu’à maintenant, ça va bien. Je prépare mes fils, et il a toujours été hors de question qu’ils entrent comme président ou directeur général ! »

Mot de la fin

Les études soulignent un élément central dans la compréhension du succès des athlètes : la notion de correspondance (fit) entre la personne et le domaine d’action. Meilleure est cette correspondance, plus la personne atteindra son plein potentiel de performance. L’histoire de Louis Garneau va dans ce sens. La cohérence entre ce qu’une personne est et ce qu’elle fait explique ses réussites.

Toute personne qui souhaite atteindre son plein potentiel doit chercher cette cohérence et cette correspondance. Cela passe par une connaissance approfondie de soi, de ses besoins, de ses valeurs ainsi que des passions et des motivations qui  habitent la personne tout au long de son histoire.


Notes

1 Voir www.lesaffaires.com/classements/ liste/150-admirees-2011.

2 Sauf mention contraire, toutes les citations de Louis Garneau sont tirées d’entrevues que nous avons réalisées les 29 mars, 21 avril et 25 mai 2010 et qui ont servi à la construction du cas d’Auger et Brunelle (2011).

3 Lachapelle et Boisvert (1999).

4 Deci et Ryan (2000).

5 L’auteur tient à remercier les évaluateurs pour la suggestion qu’ils lui ont faite à ce sujet.

6 Gillet et al. (2009).

7 Iglesias et al. (2010).

8 Vallerand (2008).

9 Forest et al. (2011).

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