En période de pandémie, les gens sont nombreux à ressentir une augmentation de la charge mentale. C’est le cas pour les familles et les salariés, mais les gestionnaires n’échappent pas à cette réalité.

«Épuisés, les cadres supérieurs songent à quitter le navire» : c’est ainsi que la journaliste Isabelle Massé titrait son article paru le 17 juillet 2021 dans La Presse. Le texte, qui rapportait les résultats d’une étude menée par Solutions Mieux-être LifeWorks et Deloitte Canada, a mis en lumière les répercussions de la pandémie sur les hauts dirigeants canadiens.

Parmi les 1200 cadres supérieurs sondés, 82% admettaient être physiquement et mentalement épuisés à la fin de leur journée de travail, 23% prévoyaient démissionner, 16% envisageaient de lorgner un poste moins exigeant et 15% souhaitaient prendre leur retraite en raison du stress, de l’anxiété et de la surcharge de travail causés par la crise. Pourquoi de tels constats?

Surcharge mentale et perte d’énergie

La crise ajoute une charge mentale dans la vie personnelle et la vie professionnelle de la plupart des gens. Les gestionnaires sont non seulement épuisés, mais ils doivent aussi faire face à la baisse d’énergie des membres de leur équipe, ce qui compromet parfois l’atteinte des objectifs fixés, affectant au passage leur capacité à s’ajuster lorsque des urgences ou des surprises surviennent.

La charge mentale ébranle donc les gens de façon individuelle et collective. Un bon cadre doit prendre ces deux aspects en considération dans sa gestion. En ayant moins d’énergie collectivement, les collègues ont tendance à devenir plus exigeants les uns envers les autres ainsi qu’envers leur gestionnaire.  

Afin d’aider les cadres à regagner de l’énergie et à dynamiser les équipes, voici quatre actions fondamentales que vous et vos collègues pouvez poser.

1. Aiguillez votre gestionnaire

Nous avons tous des angles morts. Il est impossible de tout savoir et de tout connaître. Cela est d’autant plus vrai depuis la mise en place du télétravail, car l’information circule plus difficilement. S’attendre à ce que votre gestionnaire sache tout est une utopie. Penser que toutes les informations pertinentes pour votre travail proviendront de lui l’est tout autant.

Vous êtes déçu que votre cadre ne vous ait pas parlé d’un dossier? Avant de jeter le blâme ou de transmettre votre énergie négative, acceptez l’idée que votre patron ait un angle mort. Lui-même pourrait ne pas avoir été mis au courant du dossier ou ne pas avoir pensé que l’information était importante pour vous. Prenez donc le temps de lui expliquer pourquoi vous auriez souhaité être informé.

Par ailleurs, si vous voulez que votre excellent travail ou celui d’un collègue soit reconnu, n’assumez pas que votre gestionnaire est au courant. Prenez le temps de partager les bons résultats. Faites le marketing de votre travail et de celui de votre équipe.

Avant la pandémie, le travail en présentiel avait l’avantage de permettre la transmission des informations naturellement, sans nécessairement devoir recourir à une communication formelle, de façon verbale ou écrite. En télétravail, il faut redoubler d’efforts pour partager les bons coups d’une équipe et communiquer les irritants afin de mettre en place des actions d’amélioration continue. Vous et vos collègues avez tous une part du travail à faire afin de transmettre les informations utiles à votre gestionnaire et éviter qu’il ait des angles morts.

2. Faites la différence entre la faute et la responsabilité

Pour éviter de se culpabiliser lorsqu’une situation ne fonctionne pas, l’être humain a tendance à chercher des fautifs. Pourtant, bien des situations se produisent dans la vie sans que ce ne soit la faute de quelqu’un. La pandémie et la diminution des ventes d’une entreprise en sont des exemples.

Chercher un coupable envoie le message négatif que quelqu’un n’a pas fait son travail. Lorsque la personne fautive n’est pas trouvée, c’est souvent le gestionnaire qui est pointé du doigt, même s’il n’a rien à voir dans la situation.

Ne dépensez donc pas votre énergie à chercher qui a commis la faute. Soyez plutôt «un chercheur de solutions» et essayez de trouver la personne ou l’équipe qui pourra résoudre le problème. Cette attitude est la clé pour stimuler positivement votre équipe et votre gestionnaire. Elle aura également un effet majeur sur la gestion de votre énergie, le nerf de la guerre pour éviter l’épuisement.

Lorsqu’un problème survient, prenez le temps de réfléchir : est-ce vraiment la faute du gestionnaire si les équipes ne suivent pas le processus ou est-ce la responsabilité de quelqu’un d’autre d’aider les équipes à respecter les façons de faire? Au lieu d’attribuer les erreurs au cadre, proposez-lui des occasions de s’améliorer.

3. Partagez votre appréciation

Quand avez-vous remercié votre patron pour la dernière fois? Quand lui avez-vous donné de la rétroaction positive concernant ses initiatives? Si vous avez envie de recevoir de la reconnaissance, lancez le bal. Partagez votre appréciation à votre gestionnaire et à vos collègues. N’hésitez pas à leur dire lorsque vous aimez travailler avec eux. Lorsqu'une rencontre est efficace ou qu’elle vous a été utile, mentionnez-le sans attendre le bilan annuel.

Chaque jour, tentez de faire preuve de gratitude envers un aspect de votre travail. Prenez le temps de le nommer et partagez-le avec un collègue. Par exemple, vous pouvez commencer votre journée par un café en mode virtuel avec un collègue avec qui vous aimez réaliser des projets. Faites l’exercice ensemble, cela vous permettra de renforcer ce qui va bien.

Rappelez-vous qu’il est important d’accorder de l’attention à quelque chose pour éviter qu’elle ne disparaisse.Utilisez le pouvoir de la rétroaction positive. Si vous aimez que votre gestionnaire soit organisé ou si vous aimez qu’il prépare des rencontres et stimule la confiance, dites-le-lui.

4. Participez activement aux réunions

Vos gestionnaires passent une bonne partie de leur journée de travail en rencontre. En télétravail, ils communiquent et reçoivent de l’information virtuellement. Ce contexte est exigeant et il l’est encore plus si les caméras des interlocuteurs sont toutes fermées.

Lorsque vous êtes invité à une réunion, assurez-vous d’abord être concerné par son contenu. Soyez ensuite présent et participez à la discussion. Si votre gestionnaire ne voulait pas votre avis, il vous aurait envoyé une communication écrite de ses décisions.

Les réunions sont des moments synchronisés. Pour maximiser leur efficacité, les participants doivent communiquer, discuter, interagir. Un sourire, un pouce vers le haut ou le bas, ce sont des exemples d’interactions qui donnent de l’énergie au groupe. Si la synchronicité n’est pas nécessaire, utilisez la communication asynchrone, comme le courriel, le clavardage ou les messages téléphoniques.

Si vous présentez de l’information, prenez le temps de vous préparer et d’y mettre du cœur. Vous partagerez ainsi votre énergie avec votre équipe et votre gestionnaire. Il n’y a rien de plus rafraîchissant que des réunions où tout le monde contribue et pas seulement le gestionnaire. Ce n’est pas suffisant d’être connecté électroniquement, il faut l’être humainement.

La prochaine fois que vous fermerez votre caméra et que vous commencerez à lire vos courriels ou à travailler pendant une rencontre, demandez-vous l’effet que cela peut avoir sur les autres. Rappelez-vous votre dernière rencontre et pensez à la réaction que vous auriez eue si votre interlocuteur avait fait la même chose.

Enfin, toutes vos actions et vos intentions peuvent avoir un effet sur votre gestion d’énergie, celle de votre équipe et celle de votre gestionnaire. Pour éviter que les cadres ne s’épuisent et ne quittent le bateau, les équipes ont elles aussi une contribution à apporter.