La mobilisation des employés est un thème qui fait énormément jaser dans les entreprises. Toutes ont leurs opinions, leurs techniques ou leurs méthodes pour accroître la performance de leurs équipes.

Malgré l’intérêt marqué pour le sujet, l’analyse des deux dernières décennies démontre que les progrès ne sont pas au rendez-vous. En effet, les niveaux de mobilisation ont très peu évolué depuis le début des années 2000. La plus récente étude de Gallup démontre que le pourcentage d’employés mobilisés oscille entre 26 % et 33 % depuis le début du millénaire. C’est un peu comme les bonnes résolutions, on en parle avec conviction et entrain, mais quand vient le temps de passer à l’action, tout se complique.

MYTHE NUMÉRO 1 : DES CONDITIONS DE TRAVAIL AVANTAGEUSES

La plupart des organisations mettent en œuvre des actions qui visent à aller chercher le cœur de leurs employés. Ceci dit, ces actions comportent parfois plusieurs lacunes et sont en décalage avec ce qui motive réellement les individus. Si le personnel apprécie les programmes de reconnaissance, la politique santé mieux-être ou les programmes d’intéressement, ces actions demeureront souvent de l’ordre du cosmétique et ne toucheront pas la cible.

MYTHE NUMÉRO 2 : TOUT EST UNE QUESTION DE LEADERSHIP

L’accroissement de la mobilisation du personnel passe-t-il par davantage de leadership de la part des gestionnaires? Pas nécessairement. Nos enseignants et infirmières, qui tiennent le réseau d’éducation et de santé à bout de bras, nous diront que malgré toute leur volonté, ils ne peuvent porter tout le poids des lacunes du système. Le leadership vit pareil défi : les organisations à court de solutions font porter le fardeau de la mobilisation au gestionnaire alors que c’est souvent le système (les valeurs, l’organisation du travail, la philosophie de gestion) qui doit être réfléchit, et dans certains cas, réinventé. Alors, du leadership? Certainement. Mais en parallèle, une réévaluation de nos façons de faire est nécessaire.


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MYTHE NUMÉRO 3 : DES HUMAINS GÉRÉS COMME UN PROJET

Trop souvent, les organisations abordent la mobilisation avec le même angle que les autres enjeux organisationnels : comme un projet, ou une problématique à résoudre. Souvent, cela débouche sur des « plans d’action » spécifiques et planifiés. Mais, être à l’écoute de ses gens, les inspirer ou créer une relation de confiance, ça ne s’inscrit pas dans un tableur Excel : c’est beaucoup plus organique que cela! Le danger de créer un cercle vicieux est réel : comme on ne trouve plus de solutions pour inspirer nos troupes, on passe en mode contrôle, ce qui nuit encore plus à la mobilisation.

Richard Thaler a remporté le prestigieux prix Nobel d’économie en 2017 en sonnant la mort de l’homo economicus. Selon lui, l’être humain est irrationnel et émotif, bien plus que rationnel et calculateur. Or, la plupart des théories de gestion sont fondées sur le mythe de l’être humain qui ne travaille que pour maximiser son gain.

POUR BÂTIR UNE COMMUNAUTÉ, OSEZ !

Alors, qu’est-ce qui fonctionne? Il n’y a pas de raccourci : des gestionnaires, dirigeants et collègues avec de fortes qualités humaines, qui s’intéressent au bien-être des autres ; une communauté d’individus qui travaillent au service d’une cause commune, car ils y croient et y contribuent activement.

La mobilisation viendra donc du courage d’oser ; oser avoir les conversations difficiles, oser mettre la mobilisation à l’ordre du jour du comité de direction (il y a certainement déjà un point sur les ventes et les clients à l’agenda!). Mais surtout, oser donner la voix aux employés dans le processus, car il serait paradoxal d’avancer sans y impliquer les principaux intéressés.

L’argent, un leader charismatique ou une activité BBQ ne sont pas et ne seront jamais suffisants pour motiver vos employés à s’impliquer et à devenir de véritables ambassadeurs. C’est seulement en se donnant des fondations solides et en insufflant une réelle culture de mobilisation que l’on pourra y arriver. Ayons le courage d’oser faire autrement : tous seront gagnants.