« Le Québec peut, et doit devenir un joueur d'importance dans ce domaine » nous dit Hubert Bolduc, de Montréal International.

C'est d'emblée le message que le président-directeur général de Montréal International, Hubert Bolduc, de même que son homologue de la Capitale nationale, Carl Viel, président-directeur général de Québec International, ont voulu lancer en conférence de presse hier, à Montréal, lors de la présentation du premier Profil du big data au Québec. Car les mégadonnées (big data) seront un vecteur de croissance important au cours des quelques années à venir. Autant se positionner immédiatement, si l'on souhaite demeurer dans le peloton de tête!

Big data, big business...

Les mégadonnées, c'est le nouveau buzz du monde des affaires! On ne jure que par elles, la croissance passe par elles, et toutes les entreprises et les organisations doivent s'y mettre tôt ou tard. Mais quelle réalité se cache derrière la « saveur du jour »? Une statistique saura vous convaincre de l'importance de la chose : avec tout l'arsenal technologique dont nous disposons, il se produit aujourd'hui plus de données en deux jours qu'il s'en est produit depuis les débuts de l'Humanité, et ce jusqu'à 2003. Et quoi faire de tous ces exabytes de données numériques qui s'entassent dans les serveurs informatiques? De prime abord, rien, tant que celles-ci n'auront pas été identifiées, rassemblées puis traitées dans un dessein quelconque. Ces mégadonnées peuvent, par exemple, servir à cibler les comportements des consommateurs et mieux comprendre leurs logiques d'achat, à affiner les chaînes logistiques de nombre d'activités de production, à identifier les anomalies et les fraudes, pour ne nommer que ces applications possibles. Et tous les secteurs d'activité seront éventuellement touchés par les mégadonnées, d'autant que les objets connectés sont à nos portes, avec le flot de données qu'ils produiront à leur tour...

Et le Québec, dans tout ça?

« Nous sommes plutôt bien placés », a mentionné en substance Hubert Bolduc. Car la chose a son importance. Le « marché » des mégadonnées sera appelé à croître de près de 25 % annuellement d'ici la fin de l'actuelle décennie, générant ainsi à échéance près de quinze milliards de dollars à l'échelle du globe, et tout cela au profit de l'écosystème d'affaires que ces mêmes mégadonnées génèrent dans leur sillon. De la même manière que le Québec est devenu l'un des pôles majeurs du jeu vidéo au cours des deux à trois dernières décennies, pourrait-on voir la même chose survenir dans le cas du big data? Le potentiel y est, selon Hubert Bolduc, et nous avons bien des atouts dans notre manche à cet égard :

  • Le Québec peut en effet compter sur la présence de 7 400 entreprises versées dans les technologies de l'information et de la communication, et de quelque 130 000 emplois s'y rattachant;
  • Les plus grandes universités québécoises et plusieurs centres de transfert mobilisent un millier de scientifiques (enseignants, professionnels et étudiants) dans ce domaine en émergence;
  • La province peut compter sur une main-d'oeuvre d'environ 2 000 spécialistes actifs dans le domaine des mégadonnées. Et la relève est présente, puisque 16 000 étudiants sont actuellement inscrits dans des programmes universitaires liés au big data;
  • La faiblesse du dollar aidant, les coûts d'exploitation sont moins élevés que chez l'Oncle Sam;
  • Le cadre législatif fait du Québec et du Canada l'un des endroits au monde où la sécurité des données, un enjeu éthique et organisationnel majeur, est le plus élevé;

En somme, presque tout est en place afin de faire de la Belle Province, à l'instar de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Ohio ou du Massachusetts, l'une des plaques tournantes de l'industrie des mégadonnées. C'est pourquoi Montréal International et Québec International renvoient la balle aux instances politiques en place afin que ces derniers planchent sur une réelle stratégie en la matière afin de valoriser les avantages ci-haut mentionnés. La fenêtre d'opportunité est étroite, quelques années au plus. Saurons-nous collectivement relever le défi? À nous d'y voir!