Le plus grand détaillant de meubles sur la planète, le géant IKEA, est un phénomène en soi.

La multinationale a, depuis sa création il y a plus de 70 ans, complètement réinventé la manière d'envisager et de concevoir l'ameublement à domicile, tout en élaborant un modèle d'affaires original qui a fait ses preuves. Et que dire de l'expérience de magasinage, unique en soi, et qui a fait la renommée de l'entreprise !

Qu'on se le dise, IKEA est une véritable machine à imprimer des couronnes suédoises, ou des dollars, c'est selon. Pour l'année 2014, l'entreprise, au demeurant totalement privée, a généré des revenus de 29,3 milliards d'euros et des profits nets de 3,3 milliards d'euros.

Toutefois, rien n'est jamais acquis et malgré sa formule gagnante, IKEA s'est aussi interrogée quant aux profondes mutations que nous connaissons à l'heure actuelle, que l'on songe aux technologies de l'information ou aux liens, de plus en plus volages, que les consommateurs entretiennent avec les firmes.

Changer une fomule gagnante ?

L'expérience offerte par IKEA a largement été plébiscitée. La question se pose alors pour les dirigeants de l'entreprise : jusqu'à quel point doit-on changer le modèle d'affaires afin de s'adapter, si tant est que l'on doive faire une telle chose ?


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Car il est une réalité que les têtes pensantes de la firme ne peuvent ignorer, à savoir le commerce en ligne. À ce titre, les performances d'IKEA sont demeurées, au fil des dernières années, assez modestes. Le PDG Peter Agnefjäll reconnaissait récemment, dans une entrevue accordée au site Internet du quotidien français Les Echos, que l'entreprise pouvait faire mieux, elle qui réalise seulement 3,2 % de ses ventes virtuellement. C'est un pourcentage que le dirigeant voudrait voir s'élever à au moins 10 %. Certes, pour suivre cette tendance lourde que constitue le commerce en ligne, mais également parce que les réalités changent : «  (...) nous savons que les modes de vie évoluent. Beaucoup de gens n’ont pas leur permis de conduire ou n’ont plus de voiture. Aussi nous devons installer nos magasins plus près des villes et au carrefour des transports publics », constate Peter Agnefjäll.

S'adapter plutôt ...

Les grandes surfaces, qui ont fait le succès de l'entreprise, demeureront. Mais IKEA cherchera aussi à se rapprocher davantage de ses clients, mettant sur pied de nouveaux concepts de magasins.

D'abord, se nicher au cœur du tissu urbain, plutôt qu'en périphérie. Ainsi, à Hambourg, en Allemagne, la firme a récemment ouvert une enseigne de seulement 10 000 mètres carrés, déployée sur huit étages1. Une hérésie, impensable il y a seulement dix ans, mais qui devient aujourd'hui un must.

Autre initiative qui prend acte des changements et des demandes du marché : l'ouverture récente d'une poignée d'emplacements de type pick-up stores, où les clients peuvent venir prendre possession de leurs achats réalisés en ligne. Ces magasins posséderont une surface encore plus réduite, de seulement 1 000 mètres carrés. À l'heure actuelle, la formule est prudemment déployée dans quelques pays, soit en Norvège, au Japon, au Royaume-Uni, en Finlande, en Espagne et chez nous. IKEA annonçait dernièrement l'ouverture de ces points de cueillettes dans les villes canadiennes de Québec, de Kitchener, de London, de St. Catharine’s, de Whitby et de Windsor.


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Il y a cependant fort à parier que l'on verra le bleu et le jaune si caractéristique de la firme ressortir davantage dans le tissu de nos villes dans les mois et les années à venir!


1. À titre indicatif, le plus grand magasin IKEA, celui de Gwangmyeong, dans la région de Séoul, en Corée du Sud, possède une superficie de 59 000 mètres carrés.