Saviez-vous que les gestionnaires seraient responsables à 70 % du climat d’une équipe de travail? Qui plus est, la recherche démontrerait que le travail à distance contribuerait à améliorer la performance de l’employé de 22 % dès la première année de son implantation. Pour autant que celui-ci soit bien géré.

C’est ce qu’on apprenait dans un article publié dans Le Devoir au début de la crise du coronavirus au printemps 2020, et qui citait le professeur titulaire au Département de management de HEC Montréal, Eric Brunelle.

Le télétravail et, par conséquent, la gestion à distance sont des tendances lourdes qui feront partie du paysage du monde du travail à l’échelle mondiale de façon plus permanente, même une fois la crise passée.

Mais qu’arrive-t-il quand un gestionnaire doit gérer une partie de son équipe à distance alors qu’une autre partie est présente physiquement au bureau? Et que faire quand les équipes doivent être divisées en deux clans pour se présenter en alternance au bureau?


Cette situation demande une certaine forme d’adaptation des comportements pour l’ensemble des dirigeants, des gestionnaires et des employés, et ce, autant dans leur façon de faire que dans leur façon d’être et d’agir.

Les caractéristiques d’un bon leader d’équipe à distance

Comme le mentionne Louis Hébert, professeur titulaire au Département de management de HEC Montréal, il n’est pas recommandé de faire du copier-coller en transposant nos processus et nos rituels qu’on a l’habitude d’avoir en face-à-face à notre façon de gérer à distance. Les cinq compétences suivantes sont alors plus que jamais essentielles au leader d’aujourd’hui et de demain : 

  1. Maîtrise de soi
  2. Humilité
  3. Ouverture d’esprit
  4. Vigilance
  5. Capacité d’analyse de l’information

C’est la maîtrise de ces compétences qui permettra de préserver la santé mentale de toutes les parties prenantes, dans un contexte où la multitude des changements est la norme et qu’il est nécessaire de susciter l’engagement des collaborateurs pour en dégager une performance individuelle et collective accrue.

Au grand désespoir des gestionnaires qui souhaitent continuer à gérer des heures de travail et à évaluer des efforts ou des tâches plutôt que des livrables ou des résultats, ou qui souhaitent gérer l’équité plutôt que les talents et les forces, les fameuses compétences comportementales (ou soft skills en anglais) sont plus que jamais essentielles. En maîtrisant ces compétences, les gestionnaires peuvent se révéler comme des leaders qui donnent un sens au changement, guident, développent, mobilisent et évaluent les membres de leur équipe selon des attentes claires et en fonction des responsabilités et des rôles bien définis. Cette dimension est cruciale, d’autant plus lorsque chacun travaille à distance.


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Ce qu’il faut éviter

La dernière chose à faire est d’infantiliser vos collaborateurs et vos employés. C’est à ce moment-là qu’ils agiront à leur tour comme des enfants en bas âge et que vous aurez l’impression de gérer une garderie... à distance. Ce sera inhumain, non productif et déresponsabilisant, alors que vous cherchez justement à générer l’effet contraire.

Pour être un bon leader d’équipe, misez sur vos compétences relationnelles, votre intelligence émotionnelle et votre capacité d’adaptation. Quant à vos capacités de communication en ligne, il est vrai que c’est un atout. Toutefois, un moins bon communicateur qui prend le temps de mettre en place des rituels de gestion pertinents, qui responsabilise ses équipes et qui offre de la rétroaction positive et constructive régulièrement sera toujours pardonné de ne pas être aussi éloquent à distance qu’en face-à-face.

Alvin Toffler, un sociologue et écrivain américain, avait bien raison : « Les illettrés du futur ne seront pas ceux qui ne savent pas lire, mais ceux qui ne savent pas apprendre. » La mission du gestionnaire, qui veut être et agir en leader d’équipe, autant en télétravail qu’en présentiel, est d’apprendre à apprendre à tous ceux qui gravitent dans son écosystème.