Article publié dans l'édition hiver 2017 de Gestion

Devant une situation inédite, nous avons souvent le réflexe de nous appuyer sur une théorie éprouvée. Et si on jetait plutôt un regard neuf sur les situations problématiques ? La clé : apprendre à désapprendre. Pas qu’un simple mot mais bien une nouvelle attitude mentale.

Et si on prenait un peu de recul par rapport à nos préjugés liés aux aptitudes stéréotypées du bon travailleur ? Suivre un plan de carrière strict vaut-il mieux qu’évoluer selon une logique de cueillette de possibilités ? Certaines certitudes acquises se heurtent à la réalité économique. Remettre en question les règles établies par les experts en gestion peut être un brin déstabilisant si on s’en tient à des théories chèrement acquises. C’est pourtant la seule manière de désapprendre pour mieux apprendre, selon Isabelle Barth.


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Arrêt sur image : notre rapport à la technologie

Il y a autant de raisons que de déraisons à demeurer ultraconnecté, les yeux rivés sur nos textos, privant ainsi les personnes présentes de notre attention. Dans ce monde virtuel, « la notion de sens est souvent cantonnée à l’instant et au moment présent », fait observer Isabelle Barth. Tous des geeks ? Il y a un véritable risque d’entrer dans un nouvel espace-temps, sans distinction entre le jour et la nuit, entre le temps de travail et les moments de repos, en quête de surexposition personnelle et en mal de relations réelles. Certes, les possibilités du Web sont infinies.

Pourtant, aujourd’hui, on gagnerait à être mieux formé aux usages des technologies qu’aux seuls outils. Autre fait discutable : il n’est pas sûr que les technologies fassent augmenter le savoir, surtout si on analyse les discussions qui tournent en boucle sur le Web.

Gestionnaire au quotidien

Un monde en mouvement nécessite une autre façon de travailler et de penser. À la question « pourquoi tant de réformes institutionnelles échouent-elles ? », l’auteure répond par une autre question : comment faire évoluer une organisation clanique ? En effet, une clé de la résistance au changement est le fonctionnement en clans, fondé sur un objectif de stabilité et de perpétuation sur fond de multiplication des structures. Pour réformer une telle organisation, l’auteure énumère trois conditions : admettre cette régulation clanique, analyser les dysfonctionnements administratifs et éviter de confier les rênes du changement aux « hyperadaptés » au système.

La musique au service de la gestion

Pour débrider la pensée enfermée dans une « circularité asséchante », l’auteure suggère de cultiver l’analogie, de la stimuler en s’ouvrant à d’autres univers et de l’enrichir d’autres pratiques. À l’instar d’une symphonie, la diversité des styles musicaux, des répertoires et des instruments, la spécificité de chaque musicien et la composition des ensembles (soliste, duo, orchestre de chambre, orchestre symphonique) suscitent toute une gamme de configurations organisationnelles. « Le processus d’innovation est mystérieux. Le stimuler en jouant avec d’autres univers est une modalité tout à fait séduisante. La musique et le management, quelle belle symphonie ! », écrit Isabelle Barth.

À propos de…

Savoir désapprendre pour réussir – Notre quotidien décrypté

Isabelle Barth est professeure agrégée des Universités en sciences de gestion et responsable de l’axe de recherche « Responsabilité sociétale des organisations » (RSO) HuManiS. Jusqu’en mai 2016, elle était la directrice générale de l’EM Strasbourg Business School.