Dans l'univers du numérique, le magazine s'affiche... par sa résilience!

Peut-être avez-vous cette vague impression qu'avec l'omniprésence de la technologie et des moyens modernes de communication, le magazine comme médium d'expression informationnelle et littéraire connaît à l'heure actuelle son chant du cygne... Les lecteurs d'expérience (entendre ici ceux d'un certain âge, sinon d'un âge certain!) savent toute la félicité et le bonheur que peut procurer la lecture du magazine de son choix par un dimanche après-midi pluvieux,  bien au chaud dans sa couette préférée, avec un chat roulé en boule à ses côtés (à essayer!). Quant aux plus jeunes, eux qui ne semblent ne se gaver que de statuts sur Facebook ou de gazouillis n'excédant pas 140 caractères, on pourrait croire que le magazine est totalement disparu de leur horizon. Toutefois, il n'en est rien!

Le magazine se porte plutôt bien!

Que dire de plus? Comme bien des domaines d'affaires qui ont été confrontés au cours de la dernière décennie au tsunami du numérique et des nouvelles plateformes technologiques qui ont envahi notre quotidien dans son sillage, les magazines ont eu à se questionner sur leur modèle d'affaires... et à se réinventer! Nécessité faisant loi, il faut croire que la réflexion a porté fruit, puisque la plus récente étude menée par la firme Vividata à ce sujet révèle que le lectorat des magazines imprimés a crû de 3 %, contre seulement 0,5 % pour celui des journaux imprimés au cours du deuxième trimestre de cette année. Voilà qui ne manquera pas d'étonner!

Mais chose encore plus étonnante, la bonne vieille revue en format papier continue toujours de dominer, en termes de plateforme de consommation. L'association professionnelle Magazines Canada nous apprend en effet que 71 % des personnes préfèrent parcourir leur magazine en le feuilletant; ils ne sont que 9 % à préférer la lecture à l'aide d'un appareil électronique, et les 20 % restants sont indifférents à la chose¹. Et tenez bien votre magazine fermement : le pourcentage des inconditionnels du papier glacé passe à 93 % chez les jeunes de 18 à 24 ans! Les raisons invoquées, à l'appui de ces statistiques, sont la facilité de manipulation, le transport plus aisé, de même que la possibilité de conserver et d'accumuler les numéros antérieurs. Bref, il faut croire qu'il existe donc toujours un attachement bien réel à la préservation du contact physique avec sa revue préférée!

Rien n'est toutefois gagné!

Vu l'affection démontrée par les Canadiennes et les Canadiens à l'égard de leur imprimé, le soutien à l'industrie demeure néanmoins primordial. La volonté exprimée tout récemment par le géant des communications Rogers de se départir des trois poids lourds du magazine québécois que sont L’actualité, Châtelaine et Loulou (lire l'article « Rogers délaisse ses magazines québécois, dont "L’actualité" », publié sur le site Internet du Devoir) montre bien la fluidité de ce domaine d"affaires. La raison invoquée par l'entreprise torontoise concerne la difficulté de créer des synergies avec ses activités de radio et de télévision. Comme quoi la publication d'un magazine doit aujourd'hui s'intégrer dans des stratégies beaucoup plus larges de communication. À défaut de quoi, les magazines peuvent quand même s'en tirer, comme le mentionne l'étude de Magazines Canada ci-haut mentionnée, par la spécialisation de leur contenu, un argument de taille pour les annonceurs qui peuvent ainsi rejoindre, avec des taux d'efficacité et d'efficience bien supérieurs aux autres canaux publicitaires, la clientèle visée.

Les eaux turbulentes des médias continuent de s'agiter, et il demeure difficile de prédire à quoi ressemblera le paysage du magazine dans une décennie ou deux. Avec la mer d'informations qui déferle sur nous quotidiennement, l'appui des lecteurs au magazine perdurera-t-il? À défaut d’une réponse claire et précise à ce sujet, et question de démontrer votre appui à ce doux plaisir qu'est le magazine et de prendre la pleine mesure de l'ampleur et de l'importance de cette industrie chez nous, suivez les activités de la Semaine des magazines québécois, qui débute aujourd'hui! Qui sait, peut-être découvrirez-vous un titre nouveau ou deux, histoire de meubler les froides veillées qui se profilent à l'horizon!


¹ Magazines Canada, Faits et chiffres 2014, p. 73