Les leaders engagés dans la culture de collaboration doivent maîtriser l’art de la question. Comment progresser et vous sentir à l’aise avec cet outil indispensable?

Pour assurer le succès de vos interventions, vous devez apprendre à poser des questions efficaces et percutantes qui mèneront vos équipes vers la collaboration, la responsabilisation et l’autonomie.

Selon un des pionniers de la psychologie du coaching de l’Université de Sydney en Australie, Antony Grant, un gestionnaire aurait besoin d’une période d’adaptation de trois à six mois pour se sentir à l’aise dans sa fonction de coach. On peut ainsi présumer que la maîtrise de l’art de la question suivra la même courbe d’apprentissage.

Malheureusement, il n’existe pas de recette magique ou de questions «prêtes-à-poser» pour apprendre. Alors, pour y arriver, il faut pratiquer et pratiquer… Vous ne deviendrez pas un expert du jour au lendemain, mais donnez-vous du temps et osez les premiers pas. L’humilité et la curiosité sont des préalables tout aussi importants que le talent.

Pour vous aider à perfectionner l’art de la question, voici les réponses à quatre interrogations fréquentes que se posent les leaders ainsi que les freins à leur cheminement.

1 – Dois-je organiser l’ordre de mes questions?

Vous vous demandez sûrement si vous devez poser les questions d’ordre général avant les plus précises. Il peut paraître logique de commencer ainsi afin d’établir une base de discussion. Or, si votre question est trop large, la réponse risque de vous décevoir et vous devrez travailler plus fort pour réaligner la conversation.

Une question large ouvre plusieurs pistes dans lesquelles votre interlocuteur peut s’engager et vous entraîner là où vous ne vouliez pas nécessairement aller. Cela pourrait créer un sentiment de contrariété, qui vous empêchera de rester à l’écoute pour le reste de la conversation.

Dès le départ, vos questions doivent se coller le plus possible à votre intention stratégique.

2 – Suis-je suffisamment à l’écoute?

Préoccupé par votre «propre» performance, vous craignez d’avoir de la difficulté à vous concentrer sur les réponses de l’autre. Malheureusement, il n’y a pas de trucs pour demeurer concentré sur ce que votre interlocuteur vous dit. Tout est une question de disposition d’esprit.

Si vous êtes curieux de savoir ce que l’autre a à vous dire, vous réussirez. Faites confiance à votre interlocuteur, il faut croire en l’intelligence de l’autre avant de penser à l’allumer. Ainsi, vous vous dégagerez peu à peu de cette inquiétude, vous prendrez confiance et calmerez votre anxiété de performance.

Déjà, en vous engageant dans l’exercice de la question, vous êtes sur la bonne voie pour vous ouvrir aux autres. C’est un effet relativement à court terme du questionnement.

3 - Comment ramener la conversation sur la bonne voie?

Quand vous posez des questions, mettez-vous dans un état d’esprit propice au dialogue, à la conversation, et non à l’interrogatoire. Le succès de votre démarche passe aussi par la collaboration de votre interlocuteur. Si vous avez l’impression que la personne se défile, il se peut qu’il ne soit tout simplement pas habitué à ce qu’on fasse appel à son intelligence.

Supposons, par exemple, le dialogue suivant :

Vous : «Alex, j’aimerais savoir quelles options tu recommanderais pour que cela ne se reproduise plus.»

Alex : «Des options, des options… Sais-tu quoi? Je n’en vois pas. En vois-tu, toi?»

N’enchaînez pas avec une autre question et résistez à l’envie de répondre à sa question. Dites plutôt :

Vous : «En ce moment, on est en train de chercher des options et c’est important pour moi de connaître ton opinion.»

Alex : «Je ne le sais vraiment pas.»

Vous : «Tu as peut-être besoin d’y penser. Qu’est-ce que tu dirais qu’on s’en reparle cet après-midi?»

De cette façon, vous obligez ainsi Alex à réfléchir et vous n’aurez pas «brûlé» les bonnes questions que vous aviez préparées pour lui.

4-  Dois-je retenir toutes les propositions?

Même si vous devez accueillir les pistes qu’on vous présente, rien ne vous oblige à toutes les conserver. La conversation à l’aide du questionnement est un peu comme une séance de remue-méninges : elle peut faire émerger plusieurs idées, mais l’important est de ne garder que les plus porteuses. Dans votre entrée en matière, établissez un climat d’échange qui favorise la libre circulation des idées.

Au moment de conclure, assurez-vous que votre interlocuteur comprenne que tout ne sera pas automatiquement retenu. Précisez-lui ce que vous considérez retenir des propositions qui ont été faites. Remerciez-le de sa contribution et n’oubliez pas que lorsqu’une idée est retenue, il est capital d’en reconnaître la paternité.

Faites-vous confiance. Mettez en pratique ces conseils et, avec le temps et une saine curiosité envers l’autre, vous deviendrez un pro de l’art de la question!


Référence

Lord, Isabelle. L’Art de la question, Les Éditions Gestionnaires inspirants, 2020.