3 questions sur… la rivalité féminine
2025-02-24

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2025-03-12
3 questions sur… la rivalité féminine
Leadership , Ressources humaines , Entretien

Après avoir publié Le syndrome d’imposture en 2021, la psychothérapeute Anne de Montarlot et la documentariste Elisabeth Caldoche se sont intéressées à une autre réalité dans leur ouvrage En finir avec la rivalité féminine. Harcèlement, jalousie, humiliation entre femmes… Comment expliquer ce phénomène, mais surtout, comment le désamorcer?
1 - En quoi la rivalité au féminin se distingue-t-elle de celle qui oppose les hommes?
A. de M. : La rivalité entre hommes est admise et même valorisée : que le meilleur gagne! Tout se passe comme si le mâle se réalisait dans la lutte; sa valeur dépend de sa façon de gérer la rivalité, qui devient donc constitutive de sa masculinité et de son pouvoir. Si la rivalité s’est exprimée dans les combats et la guerre, aujourd’hui, elle s’est transposée dans le monde du travail et revêt le visage de la réussite sociale.
En revanche, historiquement, les femmes n’ont pas appris à être en compétition. Elles ont été élevées pour être côte à côte et non pas face à face. Leurs armes à elles sont différentes : elles s’en prennent aux autres femmes, font des remarques passives-agressives, colportent des ragots…
E. C. : Il existe des préjugés inconscients qui ne cessent de se perpétuer. La colère est interdite aux femmes. Un homme en colère suscite le respect, alors qu’une femme qui exprime ce sentiment se fait traiter d’hystérique.
2 - Quels sont les effets de la rivalité sur les relations entre collègues, employées et gestionnaires?
A. de M. : Au travail, il y a toute une génération de femmes qui ont dû se battre pour arriver au poste qu’elles occupent aujourd’hui, et elles ne veulent pas partager le pouvoir, ce qui exacerbe les rivalités. On assiste aussi au phénomène du syndrome de la reine des abeilles : les femmes ont intégré les normes masculines, elles sont dans le camp du plus fort et elles ne vont pas faire la courte échelle aux autres femmes. Cela a pour effet d’entretenir les inégalités.
3- Est-il possible de mettre fin à cette rivalité toxique?
E. C. : Les femmes doivent se détacher des clichés et cesser de brider leurs ambitions. Il faut développer une sororité, apprendre à amplifier la voix des collègues féminines lorsqu’on en a l’occasion. D’ailleurs, on a constaté que, lorsqu’une femme se bat pour aider les autres, cela crée un cercle vertueux. Par exemple, si une femme épaule une collègue dans sa négociation de salaire, elle finit elle-même par bénéficier d’une augmentation. Plutôt que d’être dans la rivalité, on devrait plutôt apprendre à être dans l’admiration.
A. de M. : En tant que femme, il faut faire son propre examen de conscience et travailler sur soi. On doit admettre que l’on peut être jalouse, comprendre ce qui nous frustre, ce qui nous manque. En verbalisant, on évacue la rancœur, ce qui est essentiel, car celle-ci fait le lit de la rivalité.
Article publié dans l’édition Printemps 2025 de Gestion
Leadership , Ressources humaines , Entretien